Jean-Claude Marcourt © Belga

« Aucun parti francophone ne soutiendra une nouvelle réforme de l’État »

Han Renard

À quelques semaines des élections, le Liégeois Jean-Claude Marcourt (PS) est catégorique : « La Wallonie est sur la bonne voie ».

Selon une étude Randstad, la mobilité de la main-d’oeuvre entre la Wallonie et la Flandre a diminué au cours des dix dernières années, bien que le taux de chômage moyen en Wallonie reste deux fois plus élevé qu’en Flandre, soit environ 10 %.

« Pourtant, les entreprises de Flandre et de Wallonie ont le même problème de personnel », réagit Jean-Claude Marcourt, ancien ministre wallon de l’Économie et actuel ministre de l’Enseignement supérieur au sein du gouvernement de la Communauté française. « Tout le monde recherche les mêmes personnes hautement qualifiées avec un profil technique. Cela ralentit notre croissance. Susciter l’intérêt d’un plus grand nombre de jeunes pour les orientations techniques et scientifiques : voilà la clé. »

La conclusion demeure : la Wallonie ne rattrape pas le marché du travail par rapport à la Flandre.

Jean-Claude Marcourt : La Flandre est l’une des régions les plus fortes d’Europe en termes économiques, le top absolu. En fait, la Wallonie doit être comparée à des régions ayant un contexte historique et économique similaire, autrefois prospère grâce au minerai de fer et au charbon, comme l’Allemagne de l’Ouest ou le nord de la France. Alors, il s’avère que la Wallonie ne va pas si mal. En outre, l’écart avec la Flandre ne se creuse plus. La Wallonie est sur la bonne voie. Elle ne va jamais assez vite, mais les secteurs économiques wallons les plus importants sont explicitement orientés vers l’avenir : l’industrie pharmaceutique et la biotechnologie.

Jean-Jacques Cloquet, ancien CEO de l’aéroport de Charleroi et aujourd’hui directeur du parc animalier de Pairi Daiza, critique la culture administrative en Wallonie dans le quotidien De Standaard: trop d’allocataires sociaux, dit-il, et trop de baronnies locales entravent la reprise économique en Wallonie.

Jean-Jacques Cloquet est connu pour ses petites phrases-chocs, mais sans moi et sans l’aide de la Région wallonne, le bel aéroport de Cloquet et Pairi Daiza n’auraient jamais existé. À mon avis, le CEO de Pairi Daiza, Eric Domb a un point de vue différent et plus pertinent. Le célèbre cabinet de conseil Roland Berger écrit d’ailleurs dans une étude que le modèle wallon de développement économique, où les investissements publics et privés vont de pair, correspond bien au tissu économique wallon. Pendant des années, le manque de capitaux privés a été l’un de nos principaux handicaps, après que la Société Générale de Belgique, qui avait d’abord fait fortune en Wallonie, ait tourné le dos à notre partie du pays.

Le chômage élevé des jeunes en Wallonie, qui fluctue autour de 30%, est frappant.

C’est vrai. Le problème, c’est que du côté francophone, de nombreux jeunes quittent l’école sans diplôme. Lorsqu’ils débarquent sur le marché du travail, ils se retrouvent généralement au chômage. Nous avons cependant créé de nouvelles formations pour eux, en particulier en informatique. Beaucoup de jeunes qui échouent à l’école sont passionnés par l’informatique.

Pourquoi tant de jeunes Wallons et Bruxellois n’obtiennent-ils pas de diplôme ?

L’école est souvent insuffisamment adaptée au contexte socio-économique et culturel des jeunes. Prenons le cas des enfants issus de l’immigration : ils pensent souvent qu’ils ne trouveront pas de travail, quoi qu’ils fassent à l’école. Il faudra encore de gros efforts pour qu’ils se sentent membres à part entière de notre société.

Finalement, il y a beaucoup de spéculations en Flandre sur le rapprochement entre la N-VA et le sp.a. Quel est le point de vue du PS wallon?

L’alliance d’Anvers a alimenté les rumeurs, et nous voyons bien que le CD&V et la N-VA ne s’entendent plus, mais je n’ai aucune indication que le sp.a et la N-VA aient un accord préliminaire.

Cela poserait-il un gros problème au PS ?

Un très gros problème. Nous ne voulons pas de confédéralisme et nous ne voulons pas d’un nouveau cycle communautaire. Et il n’y en aura pas non plus : du côté francophone, aucun parti ne soutiendra une nouvelle réforme de l’État.

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