Alain Hubert et Zuhal Demir © BELGA

Alain Hubert sur le rachat de la station Princesse Elisabeth: « Dommage qu’il ait fallu si longtemps »

Erik Raspoet Journaliste Knack

Après une longue bataille, l’explorateur polaire Alain Hubert et la secrétaire d’Etat à la Politique scientifique Zuhal Demir (N-VA) ont conclu un accord à propos de la station polaire.

Au cours des dernières années, Alain Hubert et Elke Sleurs, qui a précédé Zuhal Demir à cette fonction, étaient à couteaux tirés. L’explorateur et sa Fondation polaire internationale (« International Polar Foundation », IPF) avaient été écartés du Conseil stratégique de la station polaire Princesse Elisabeth. Dans la bataille juridique qui avait alors été déclenchée, Hubert avait été accusé, entre autres, de détournement de fonds et de conflits d’intérêts. En 2016, à cause de ce combat, aucune mission n’avait pu être poursuivie au Pôle Sud. Grâce au nouvel accord, l’Etat belge devient entièrement propriétaire de la base en Antarctique et gèrera l’IPF dans les années à venir.

Etes-vous soulagé ?

Alain Hubert : Enormément. C’est un coup de pouce pour la science et pour l’intérêt public. Personnellement, je suis particulièrement heureux car mon nom est lavé. Au cours des dernières années, j’ai fait profil bas dans les médias. Je ne voulais pas mettre cette affaire sur le devant de la scène. Mais les allégations à mon sujet m’ont durement frappé. En fait, le Conseil d’Etat avait déjà prévu la réhabilitation l’an dernier : il a détruit l’Arrêté Royal avec lequel l’ancienne secrétaire d’Etat voulait me tenir à l’écart de la station polaire.

Pourquoi Zuhal Demir a réussi quelque chose qu’Elke Sleurs n’a pas su faire ? Après tout, elles sont membres du même parti.

Hubert : Madame Demir a mis les choses en place de manière pragmatique, en respectant la loi Belge.

Lors de la fondation de la station polaire Princesse Elisabeth, il y a dix ans, il y avait une structure de gestion conjointe : le gouvernement et le secteur privé était également représentés dans ce qu’on appelait le Secrétariat polaire. Cet arrangement n’a pas été du goût de Philippe Mettens, alors chef de BELSPO, le service public fédéral belge de Politique scientifique. Il a été à la base de la guérilla juridique contre l’IPF, mon organisation, qui était responsable de la construction et de l’exploitation de la station. Le dossier était déjà en train de pourrir quand Madame Sleurs en a hérité fin 2014. Elle s’est laissé mal éclairer par Mettens. Ensuite, elle était juste trop têtue pour régler les choses.

Que signifie le nouvel accord ?

Hubert : L’IPF transfère sa dernière part dans la station polaire à l’Etat belge, qui en échange s’acquittera des factures impayées. A la place du Secrétariat polaire, il y aura une nouvelle asbl avec seulement des représentants du gouvernement. En retour, l’IPF reçoit une concession pour exploiter la station pendant huit ans, sous la supervision d’un vérificateur indépendant. Très transparent et clair pour tout le monde. Dommage qu’il ait fallu si longtemps.

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