A Liège, les riverains du projet Trilogiport craignent pour leur santé

La demande de permis d’urbanisme ayant enfin été déposée, les autorités liégeoises pensaient que le ‘village logistique’ du Trilogiport pourrait sortir de terre après trois ans de retard. Pas si sûr. Loin d’être apaisés quant à d’éventuels risques liés à la pollution des sols, les riverains haussent le ton et préparent les recours.

La bataille fait rage en bord de Meuse, à Hermalle-sous-Argenteau plus précisément. Les riverains et les initiateurs du Trilogiportse livrent un véritable bras de fer. Pour rappel, le Trilogiport est un projet de parc d’activités sur 100 hectares, axé sur la logistique, qui constitue un enjeu économique majeur pour la région liégeoise. Ses défenseurs évoquent la création de 2000 emplois directs.

« Les riverains n’ont pas du tout été apaisés par l’enquête publique de ces dernières semaines et par les récentes réunions d’information, » affirme-t-on au cabinet de Maître Misson, mandaté par le comité des Bassismosans (riverains de la commune de Visé) pour introduire des recours. Et des recours il y en aura à coup sûr, à en croire l’avocat. Une action en justice devant une juridiction civile est en préparation, avec comme motif invoqué les risques de diffusion de microparticules cancérigènes que représenterait un chantier sur des sols pollués en plomb et en arsenic. Et si le permis d’urbanisme devait être accordé (en principe d’ici le deuxième trimestre 2011), les riverains saisiraient le conseil d’état pour tenter d’empêcher le début des travaux.

Les riverains « Bassismosans » accusent principalement les autorités wallonnes d’avoir mené une étude des sols trop superficielle que pour garantir qu’il n’y ait aucun risque pour la santé des populations avoisinantes. Ils exigent au minimum une étude de caractérisation des sols par un bureau indépendant, comme c’est d’ailleurs prévu par le ‘décret sols’.Le problème de taux de pollution élevé de certaines parties du site avait déjà été soulevé par le comité de village d’Hermalle dès les premières ébauches du projet en 2006. Depuis, rien ne semble avoir pu rassurer les riverains et, à en croire le cabinet Misson, certainement pas la proposition faite par les autorités de mouiller les terres lors du chantier pour éviter toute dispersion de particules…

Déjà 1155 réclamations

Par ailleurs, les riverains craignent que le défilé de centaines de camions rende leur environnement invivable. Les autorités ont prévu la construction d’un pont pour désengorger le trafic, mais trop d’inconnues subsistent, selon les riverains, quant à la date de construction de ce pont. Au total, l’enquête publique qui s’est clôturée le 10 novembre a rassemblé quelque 1155 réclamations. Certains riverains réclament des mesures correctives, d’autres rejettent le projet dans son ensemble, estimant que le site, par sa configuration même, ne pourra jamais garantir leurs intérêts…

« Certains réclament des apaisements, mais veulent-ils réellement les entendre ?, » s’interroge Emile-Louis Bertrand, directeur général faisant fonction du Port autonome de Liège, qui gère notamment la communication autour du Trilogiport. Selon lui, les apaisements ont été apportés quant au fait que la pollution ne serait pas dangereuse pour les zones d’habitat. Emile-Louis Bertrand n’ose pas imaginer qu’il ne soit pas possible de trouver un terrain d’entente autour d’un projet selon lui exemplaire sur le point environnemental. Et si de nouveaux retards devaient s’accumuler ? « Nous pouvons aussi contre-attaquer avec des demandes de dommages et intérêts. N’oubliez pas que le Trilogiport, ce sont déjà des contrats d’investissements privés, heureusement bétonnés, pour 155 millions d’euros. » Ambiance…

Olivier Fabes

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