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À Bruxelles, le Covid Safe Ticket sème la confusion

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Initialement prévue le 1er octobre, l’entrée en vigueur du Covid Safe Ticket étendu à Bruxelles a été reportée au 15 octobre ou même plus tard. À trois jours de la réouverture des discothèques, le report suscite la confusion, et même le  » chaos « .

Dès le 1er octobre, il aurait fallu présenter un Covid Safe Ticket (une preuve de vaccination, de guérison du Covid ou de test négatif) pour accéder aux cafés, restaurants, fitness, cinémas, théâtres, etc. à Bruxelles. Cependant, faute de base légale, la Cocom (Commission communautaire commune) doit attendre les avis du Conseil d’Etat et de l’Autorité de protection des données sur le projet d’ordonnance d’exécution.

Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) se défend en rappelant que le gouvernement bruxellois avait affirmé le 16 octobre dernier que son objectif était « une mise en oeuvre début octobre, une période de mise en place précédant des contrôles et sanctions à partir de la mi-octobre, dès l’adoption et la publication des textes portant ces sanctions ».

« L’entrée en vigueur sera donc fixée dès que la date de réception des avis sera connue avec certitude », affirment les ministres bruxellois, via le cabinet Vervoort. Par ailleurs, la Région wallonne ayant également décidé d’adopter le Covid Safe Ticket, le gouvernement bruxellois se concertera avec son homologue wallon, les domaines d’application du CST dans les deux Régions concernant les mêmes secteurs et visant des mesures comparables.

Cacophonie

Le report suscite l’ire de l’opposition. « Les annonces s’enchaînent alors qu’il n’existe toujours pas de base légale pour l’exécution du CST élargi à Bruxelles », ont dénoncé la cheffe de groupe Alexia Bertrand, le président de la Régionale du MR, David Leisterh et le Vice-président du parlement Vincent De Wolf.

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Le groupe MR du parlement bruxellois interrogera ce mardi, le ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron (Ecolo), « au sujet de la cacophonie qui règne autour de l’application du Covid Safe Ticket ». Il déplore les « multiples allers-retours du gouvernement régional dans sa communication et la confusion qui règne autour de ce dossier ».

« Nous apprenons, ce jour, que le Parlement bruxellois n’est plus en mesure de débattre de l’ordonnance en commission ce mardi et en séance plénière ce jeudi comme prévu. Le gouvernement bruxellois ne respecte pas les délais qu’il s’était lui-même fixés », ont dénoncé les trois élus libéraux.

Selon eux, « les gens n’y comprennent plus rien, à un moment particulièrement crucial où l’autorité doit travailler à gagner davantage la confiance de la population. Cette attitude est particulièrement dommageable. Les explications de la majorité manquent aussi de transparence. Si son but était de se concerter avec la Wallonie, il aurait mieux fallu le dire clairement, voire mieux l’anticiper. Cela aurait eu du sens d’avoir une approche coordonnée dès le départ ».

Le MR déplore ce qu’il qualifie de « nouveau manque de stratégie » après l’épisode de la vaccination. « Les annonces de rétroactivité de la part du président du parlement sur un texte qui n’est même pas encore arrivé sur la table de l’assemblée relèvent du plus grand cafouillage démocratique », a-t-il conclu.

Un amateurisme coupable

Au cdH, la cheffe de groupe au parlement bruxellois Céline Fremault a fustigé l’attitude de la majorité régionale. « Je suis totalement dépitée par le manque d’anticipation perpétuelle dans la gestion de la crise sanitaire à Bruxelles. Cela devient un amateurisme coupable qui impacte les citoyens bruxellois et de nombreux secteurs qui ont déjà souffert », a-t-elle déclaré à la RTBF.

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« Il y a 18 mois j’avais une réelle compassion pour ce gouvernement, nouvellement formé qui se retrouvait face au séisme de la crise sanitaire. Aujourd’hui je porte vraiment un regard très dur sur ce manque de leadership et de courage », a-t-elle ajouté. Le cdH soutiendra toutefois l’adoption du texte quand il arrivera sur la table du parlement régional.

« Le CST, c’est un instrument qui n’est pas agréable, mais qui est indispensable. Je préfère un Covid Safe Ticket qu’un quatrième lockdown. Sur le fond le cdH soutiendra donc le texte. Mais sur la forme il y a une réelle difficulté de communication, avec un ministre de la Santé, Alain Maron, qui est comme un derviche tourneur alors qu’il devrait donner le cap », surtout dans une région où les chiffres de vaccination peinent toujours à décoller, a enfin pointé la députée humaniste.

Quel protocole pour les boîtes de nuit?

Le report intervient à trois jours de la réouverture des boîtes de nuit, fermées depuis un an et demi. Selon Le Soir, un nouvel arrêté prolongera les mesures actuelles (huit personnes par table, port du masque, distanciation sociale, interdiction de danser…) jusqu’à l’entrée en vigueur du pass à Bruxelles. Seule l’heure de fermeture à 1 heure du matin ne sera plus d’application. Si les discothèques souhaitent toutefois échapper à ces mesures contraignantes, elles peuvent recourir au CST déjà d’application pour les événements de masse à condition toutefois d’obtenir l’autorisation des autorités locales.

Toujours selon le Soir, la Flandre a refusé le protocole pour les boîtes de nuit élaboré avec le secteur et validé par les cabinets de Pierre-Yves Dermagne (PS), ministre de l’Économie et de David Clarinval (MR), ministre des Classes moyennes. « J’en conclus que tout le monde ne juge pas nécessaire d’avoir, en plus de l’arrêté ministériel, un protocole pour les discothèques », déclare le commissaire du gouvernement en charge de la crise du coronavirus Pedro Facon au Soir.

Pedro Facon
Pedro Facon© BELGA PHOTO JASPER JACOBS

L’arrêté ministériel déterminera les règles de base pour les boîtes de nuit dans toute la Belgique. Outre l’application du Covid Safe Ticket, les boîtes de nuit devront appliquer des normes de ventilation strictes, une obligation qui risque de se révéler compliquée, les boîtes de nuit étant aménagées pour laisser filtrer le moins de bruit possible.

« Non, les boîtes ne devront pas immédiatement, fermer si elles dépassent les 1.200 ppm. C’est compliqué, car la norme existe et qu’on n’est pas censé la dépasser. Mais le Comité de concertation a prévu une phase de transition », rassure Pedro Facon qui se réjouit que la ventilation et la qualité de l’air figurent enfin en haut de l’agenda politique. Il estime « raisonnable » d’ouvrir les discothèques vendredi. « Le secteur est bien conscient de ce qu’il doit accomplir pour ne pas refermer, un scénario qui serait le pire pour lui », conclut-il, toujours dans le Soir.

Avec Belga

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