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Un prêt auto n’est pas l’autre

Le Vif

Au cours de l’année écoulée, les ventes de voitures ont chuté. Ne serait-il pas devenu plus difficile d’obtenir un prêt auto ?

Dominique Kwanten, le directeur du Garage Kwanten, distributeur Renault et Dacia à Heusden-Zolder, ne peut s’empêcher de rire. « Les prêts auto, un problème? Avant de pouvoir parler de la possibilité et des conditions d’un prêt, il faut d’abord avoir des clients en face de soi. Durant le confinement, il était impossible de les accueillir dans notre showroom. Les contrôles étaient stricts. Nous avons reçu des appels téléphoniques de contrôleurs qui demandaient anonymement s’ils pouvaient venir voir une voiture dans notre garage.

En novembre, nous avons vendu en tout et pour tout deux voitures à des clients particuliers. Les ventes aux entreprises se sont assez bien maintenues. À partir de la mi-novembre, nous avons pu de nouveau accueillir des clients B2B dans notre showroom, sur rendez-vous. Mais pas les autres. Quelle est la différence entre un client professionnel et un client particulier? Où est la logique?

Je n’ai constaté aucune difficulté au niveau des prêts pour l’achat d’une voiture. Pour les prêts, nous travaillons avec RCI Credit Car, la branche financière de Renault. Nous introduisons la demande, les données du client sont automatiquement contrôlées auprès de la Banque Nationale et, en maximum dix minutes, nous avons un accord. Si des informations supplémentaires sont nécessaires, par exemple une fiche de paie, la demande exige un peu plus de temps.Entre septembre et la mi-novembre, nous avons introduit 21 demandes, et seulement deux ont été refusées. »

Le discours est le même auprès des diverses banques contactées: « Rien n’a changé au niveau de notre politique d’acceptation. Comme toujours, pour chaque demande de crédit, nous faisons une enquête de solvabilité en examinant la situation financière du client. »

TROP BEAU POUR ÊTRE VRAI

Dans un certain sens, demander un crédit auto est devenu plus facile. Il est parfaitement possible d’obtenir un prêt ou un financement sans devoir se déplacer. La crise sanitaire a eu pour conséquence que davantage encore de clients optent pour la solution numérique. 85% des crédits auto sont conclus en ligne. La condition est d’être déjà client auprès de la banque.

Par rapport aux autres crédits, le prêt auto est un produit « simple », dans le sens où c’est surtout le prix qui compte. La concurrence est cependant importante puisque, en plus des banques, les distributeurs automobiles peuvent aussi proposer des crédits. Test-Achats avertit cependant qu’il existe des offres trop belles pour être vraies: « Parfois, le tarif auprès des distributeurs est vraiment très faible: 0%. Le choix semble simple. Mais… Il faut bien comprendre que si le crédit semble gratuit, c’est seulement parce que le distributeur conserve un bénéfice suffisant sur la vente de la voiture elle-même. Souvent, le distributeur ne vous accordera alors aucune remise supplémentaire sur le véhicule, ou bien il faudra se satisfaire d’un montant inférieur pour la reprise de votre ancienne voiture. Lorsque l’on examine bien le coût, un crédit à 0% d’intérêt auprès du distributeur, qui a accordé malgré tout 7% de remise sur la voiture, peut s’avérer finalement plus coûteux que lorsque vous arrivez à convaincre le vendeur de vous accorder une remise plus importante, 10%, et que vous concluez un crédit avec 1% d’intérêt auprès d’une banque. »

Si le crédit semble gratuit, c’est seulement parce que le distributeur conserve un bénéfice suffisant sur la vente de la voiture elle-même.

Il faut aussi faire attention aux crédits-ballons, pour lesquels vous payez une prime mensuelle plus faible qu’avec un prêt classique, mais qui imposent de payer à la fin de la période de financement une somme plus importante – le ballon – en une fois.

ÉCRIT EN PETITS CARACTÈRES

Au-delà du crédit classique, le leasing reste une formule populaire. Surtout, mais pas uniquement, pour les entreprises. En raison, notamment, du fait que les voitures de société – offrant des avantages fiscaux à la fois pour l’employeur et le travailleur – sont de plus en plus mises sous pression, le leasing pour particuliers gagne du terrain. Dominique Kwanten tempère: « J’estime pourtant que ce n’est pas une formule attractive. Les clients doivent évaluer leur kilométrage annuel. La plupart sous-estiment la difficulté, avec pour conséquence qu’ils vont payer plus que prévu. Cela peut atteindre plusieurs milliers d’euros. À la restitution de la voiture, les kilomètres supplémentaires sont également facturés. Ces kilomètres entraînent une usure de la voiture. En signant le contrat de leasing, les clients n’en tiennent pas compte. »

Il convient donc de bien lire les petits caractères figurant sur le contrat pour éviter les surprises désagréables. Et si vous rompez prématurément le contrat de leasing, vous risquez en plus de devoir payer une grosse indemnité de rupture. Sachez aussi qu’avec un leasing pour particulier, il n’est généralement pas possible de racheter la voiture au prix de la valeur résiduelle au terme de la période de location.

DROIT ACQUIS

Peut-on considérer que la voiture de société telle que nous la connaissons aujourd’hui arrive lentement en fin de parcours? Dominique Kwanten répond: « Non. Les travailleurs n’abandonneront pas si facilement le luxe d’une voiture de société. Ils considèrent que c’est un droit acquis. Certains sont ouverts à d’autres formes de mobilité ou de rémunération mais la voiture demeure une facilité majeure. »

Les banques ne constatent pas davantage une diminution du nombre de voitures de société mais bien une évolution vers des modèles plus durables. Alors que les voitures de leasing étaient autrefois uniquement des Diesel, les entreprises s’intéressent de plus en plus aux voitures électriques ou hybrides. Une évolution que nous ne pouvons que saluer. Le leasing des vélos, et en l’occurrence des vélos à assistance électrique, est également en plein essor. Dominique Kwanten n’est pas le mieux placé pour en parler. Mais qui sait? « Sur la vente d’un vélo électrique, on peut gagner plus qu’en vendant une voiture. C’est une chose qui mérite réflexion. »

Dominique Kwanten, distributeur de Renault et Dacia.
Dominique Kwanten, distributeur de Renault et Dacia.  » Durant le confinement, nous avons reçu des appels téléphoniques de contrôleurs qui demandaient anonymement s’ils pouvaient venir voir une voiture. « © VANDORMAEL

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