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Paris ne veut plus entendre ses motos et scooters

Laurent Blairon journaliste

Plus que pour des raisons de pollution par combustion de carburants fossiles, le bruit généré par certaines motos à moteur thermique et le comportement de certains conducteurs pourraient accélérer leur interdiction pure et simple. A Paris, la mise au silence a commencé sur fond d’amendes, dans un premier temps…

Les habitants de la Ville lumière (un échantillon représentatif) ont rendu leurs avis sur un « Plan Bruit » lancé par la Mairie. Les conclusions semblent claires : plus de deux tiers ne souhaitent plus supporter les échappements des scooters et motos thermiques dans les rues. La consultation des parisiens sur le Plan Bruit a été initiée en octobre 2021. L’idée a reçu beaucoup d’avis favorables et la plupart des sondés se sont carrément déclarés pour l’interdiction de tous les 2 (et 3) roues motorisés thermiques dans la capitale française. Cela dit, la Mairie de Paris ne souhaiterait pas (encore) appliquer une forme d’interdiction pure et simple , mais va installer des radars acoustiques dès cette année 2022. Ces dispositifs intelligents, équipés de capteurs et de caméra (pour l’identification), permettraient de verbaliser les propriétaires d’engins trop bruyants. Et surtout d’inviter tous les motards et scootéristes à limiter leur nuisance en abandonnant les modèles trop expressifs et/ou à adopter un engin électrique. Evidemment, c’est l’émoi dans la communauté motarde, très importante, en Ile de France. La Fédération française des motards en colère (FFMC) s’offusque carrément contre ces futures sanctions. Et les responsables de la Mairie de Paris d’insister : « MAnifestation ou pas, on ne reculera pas sur la verbalisation. » (Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique, sur le site Moto Station).

De nombreux navetteurs sont
De nombreux navetteurs sont « condamnés » à adopter rapidement le scooter électrique. L’offre des motos électriques reste trop peu réaliste.© GF

La mesure paraît évidemment restrictive et intolérable aux yeux de certains… mais nécessaire et constructive pour bien d’autres. Une chose est acquise : certaines motos font incontestablement trop de bruit, générant une gêne directe, mais aussi du stress à long terme. Trop de propriétaires cèdent encore à la mode de l’échappement libéré, plus ‘agréables’ pour les pratiquants. Le phénomène concerne tous les types de deux-roues motorisés, du scooter 50cc à l’hypersportive de 200 ch, et toutes les tranches d’âge. Or des études ont maintes fois démontré qu’une moto équipée d’un pot non homologué peu réveiller jusqu’à 10.000 personnes( !) lorsqu’elle traverse une ville comme Paris de nuit. Madrid a déjà dit « stop » : les motos et les scooters (catégories B et C thermiques) y sont interdits de circuler entre 22h et 7h. Chez nous, En Belgique, des tronçons de routes touristiques (et loin des villes) ont été interdits aux motos, précisément en raison du bruit qui perturbe la quiétude des riverains. Bruxelles et toutes les grandes villes belges pourraient s’inspirer des exemples étrangers?

Pour revenir à Paris, la communauté motarde locale (composée d’une majorité de navetteurs) espère que les autorités s’en tiendront à une interdiction des pots d’échappement bruyants (par le contrôle des sonomètres) plutôt que d’accélérer l’interdiction pure et simple des deux-roues thermiques. Les alternatives restent trop peu efficaces. Si les voitures électriques démontrent des autonomies intéressantes pour les besoins d’un navetteur, c’est encore peu le cas des deux-roues électriques. Les modèles proposant des autonomies correctes (la marque Zero Motorcycles, par exemple) sont vendus à des tarifs prohibitifs. Dans l’absolu, la moto et le scooter restent des moyens efficaces de diminuer la congestion des villes et solutionner le problème du parking.

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