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La fin du moteur à combustion est-elle en train de s’accélérer ?

Laurent Blairon journaliste

L’incertitude entourant le futur des moteurs à combustion interne entraîne l’arrêt des investissements dans le développement de cette technologie vieille de plus de 170 ans. Les blocs Euro 6 pourraient bien être les derniers de l’ère thermique. Ce qui soulève des inquiétudes.

Les gouvernements ont toute liberté (et ambition) d’interdire les technologies responsables d’émissions élevées de CO2 à un certain horizon. Mais la question reste de savoir si, à partir de ce terme, les constructeurs automobiles, en particulier les généralistes, auront encore les moyens et/ou l’envie de continuer à développer des moteurs à combustion interne. Démonstration : à partir de 2025, toutes les nouvelles voitures produites devront respecter la très stricte norme d’émissions Euro 7. Afin de construire des moteurs conformes à ces réglementations, les valeurs d’émission devront être réduites de manière drastique, ce qui nécessitera d’énormes investissements. Or sachant que les moteurs à combustion devront être éliminés progressivement de nos routes d’ici 2030 ou 2035, cette courte période d’amortissement rend ces investissements financièrement peu attrayants, voire perdus d’avance.

Après 170 ans, l'histoire du moteur à combustion touche à sa fin (illustration: V12 Lamborghini, Miura).
Après 170 ans, l’histoire du moteur à combustion touche à sa fin (illustration: V12 Lamborghini, Miura).© Laurent Blairon

Le secteur de la construction

Dans ce contexte, de plus en plus de marques annoncent geler ou arrêter leurs investissements dans les moteurs à combustion. Concrètement, cela signifie que les moteurs Euro 6 seront, dans de nombreux cas, la dernière génération de moteurs à combustion. Cela ne veut pas dire que leur production industrielle s’arrêtera immédiatement, mais la probabilité de commercialiser une nouvelle génération de moteurs à combustion Euro 7 au 1er janvier 2026 semble faible pour de nombreuses marques. Certes, la plupart des constructeurs proposeront des alternatives 100 % électrique, mais quid, par exemple, du marché des véhicules utilitaires et des fourgons de livraison en particulier ? Il existe un écart important entre ce qu’un fourgon électrique peut faire et ce qu’un professionnel en attend. Pensez aux camionnettes lourdement chargées de matériel (secteur de la construction), aux remorques supportant des engins lourds (jardiniers indépendants), à la nécessité d’assurer, chaque jour, un kilométrage élevé et aux interventions non planifiées (nombreuses, pour les dépanneurs). On pense aussi aux services de secours (ambulances). En résumé, et malgré les modèles théoriques très ambitieux, de nombreuses situations semblent (dans l’état actuel des choses) peu conciliables avec le monde de la mobilité électrique dans lequel il est indispensable de tout planifier, en particulier les phases de recharge des batteries. Long débat en perspective.

Les véhicules d'intervention électriques, souvent chargés en matériels, atteindront-ils l'efficacité et le rayon d'action des bons vieux Diesel?
Les véhicules d’intervention électriques, souvent chargés en matériels, atteindront-ils l’efficacité et le rayon d’action des bons vieux Diesel? © GF

Sans oublier que l’on est encore moins certain de jouir d’une infrastructure de recharge suffisante pour alimenter les nombreux véhicules électriques attendus sur nos routes d’ici au début 2026 (dans quatre ans, donc demain). En cas de mauvais timing, toute l’économie pourrait tout simplement en pâtir. De plus en plus d’observateurs estiment qu’il faudra tôt ou tard remettre le sujet de la fin de l’usage des moteurs thermiques sur la table, si une accélération de la disparition des moteurs thermiques se confirmait dans les mois et années à venir.

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