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Le syndrome d’Asperger, ce mal méconnu

Muriel Lefevre

Placé sous les feux de l’actualité par un diagnostic sur le Prince Philippe pour le moins farfelu, le syndrome d’Asperger n’en reste pas moins une maladie mystérieuse et méconnue.

Pour beaucoup, l’autisme est limité à la vision d’un Rain Man à la fois surdoué et étrange. Le spectre autistique est beaucoup plus vaste et complexe tant les symptômes et la gravité de ces derniers peuvent fortement varier d’un individu à l’autre. On ne connaît toujours pas les causes de ces troubles, mais on a constaté qu’ils apparaissaient quatre à cinq fois plus souvent chez les garçons et que l’hérédité jouerait un rôle prépondérant. On considère que l’autisme au sens large touche 25 personnes sur 10.000. Le syndrome d’Asperger toucherait lui de 2.5 à 3 personnes sur 10.000. Aucune étude épidémiologique n’a été effectuée en Belgique, ce qui fait qu’on ne dispose d’aucuns chiffres pour établir le nombre de Belges atteint de ce syndrome.

Le syndrome d’Asperger se manifeste par des difficultés de la communication, des rapports sociaux et la perception cognitive. Les premières descriptions de ce syndrome remontent à 1944 et sont basées sur les travaux d’un psychiatre autrichien, Hans Asperger. Il faudra tout de même attendre 1994 pour que ce syndrome soit officiellement reconnu.

Bien que le syndrome d’Asperger fasse partie du spectre autistique, il se distingue de l’autisme de haut niveau par le fait qu’il ne présente pas un retard du développement du langage. Cependant, et plus particulièrement à l’âge adulte, une personne atteinte du syndrome d’Asperger et un autiste de haut niveau peuvent facilement être confondus. La différence se situe autour de la facilité à se mettre à la place d’autrui. Quelqu’un atteint du syndrome peut y arriver, et ce, contrairement à l’autiste de haut niveau pour qui cette capacité sera toujours limitée. Cette distinction est néanmoins encore sujette à débat et risque de disparaître lors de la parution du prochain DMS, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, manuel de référence publié par la Société américaine de psychiatrie (APA) prévu pour 2014.

Souvent, ceux qui en sont atteints ont un comportement répétitif et des intérêts très spécifiques. Si les cinq sens et le cerveau reçoivent bien les informations du monde qui les entoure, ils ont beaucoup de mal à les décoder et à y répondre de façon appropriée. Ce qui entraîne pour les personnes atteintes de ce syndrome des difficultés de communication, de langage, d’imagination et de compréhension de l’abstraction. N’arrivant pas à saisir une situation dans son ensemble, ils ont tendance à se concentrer sur les détails et à établir une routine. Ils ont aussi du mal à comprendre la signification profonde de ce qu’on leur dit notamment lorsqu’il s’agit de sentiment. Ayant beaucoup de mal à imaginer ce que les autres ressentent, ils arrivent difficilement à se mettre à leur place. C’est ce qu’on appelle cécité mentale ou sociale. Un autre symptôme est le manque de coordination motrice et de concentration.

Pourtant, et comme c’est souvent le cas pour les différents troubles autistiques, les symptômes et leurs gravités varient d’un individu à l’autre. Poser un diagnostic du syndrome d’Asperger reste très difficile à établir tant les symptômes peuvent être confondus avec d’autres troubles psychiatriques. Une simple liste de livres ne peut donc décemment suffire.

M.L.

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