Nelson Mandela (avec son épouse Winnie) à sa sortie de prison. Quatre ans plus tard, l'opposant historique au régime de l'apartheid est élu président d'Afrique du Sud. © ALLAN TANNENBAUM/PHOTO NEWS

Le 11 février 1990, le jour où Nelson Mandela est redevenu un homme libre

Vingt-sept ans, six mois et six jours. Voilà la période durant laquelle, chaque jour, ce grand homme aux cheveux argentés s’est levé derrière les barreaux. Aujourd’hui, il goûte à nouveau au parfum de la liberté.

Sa démarche est lente, hésitante. Mais sa marche est triomphale. Digne, émouvante. Aux abords de la prison Victor Verster de Paarl l’attend une foule. Ce n’est encore rien : au Cap, plusieurs centaines de milliers de personnes se sont rassemblées, désireuses d’apercevoir sa silhouette. L’ancien prisonnier est un héros. L’événement est un aboutissement. Mais la véritable bataille n’est pas encore gagnée.

Mandela, c’est la vedette de l’ANC. Créé en 1912, le Congrès national africain est le plus ancien mouvement nationaliste du continent. Et le chantre d’une société multiraciale. Tout l’inverse de l’apartheid qui, jusque dans son étymologie, prône le développement séparé des races. En Afrique du Sud, ce régime est institutionnalisé en 1948. Le principe : live and let live apart ( » vivre et laisser vivre séparément « ).

Les années 1950 sont riches en manifestations antiapartheid. Non sans risques de dérapage. En 1960, 69 Noirs sont tués alors qu’ils manifestent pacifiquement à Sharpeville. Dans la foulée, on assiste à une montée de la violence. L’ANC se radicalise.  » La dure réalité, c’est que cinquante années de non-violence n’ont rien apporté d’autre aux Africains qu’une législation plus répressive et de moins en moins de droits « , regrette Mandela. Qui décide d’opter pour le  » terrorisme  » et la clandestinité. Le 5 août 1962, il est arrêté. Lors de son procès, Mandela défend le recours à la lutte armée. Ça lui coûte cher : l’avocat est condamné à perpétuité.

Les années passent. En 1985, le président sud-africain Pieter Willem Botha offre à Mandela la liberté. Mais il y a une condition : le militant doit renoncer à l’usage de la force. Il décline.  » Seuls les hommes libres peuvent négocier « , se justifie-t-il. Trois ans plus tard, un gigantesque concert est organisé à Wembley à l’occasion du 70e anniversaire du célèbre prisonnier. Plusieurs centaines de millions de téléspectateurs suivent l’événement. L’ombre et le temps sont en train de forger la légende ; ils usent aussi les organismes. En août 1988, Mandela est atteint de la tuberculose. Il peut quitter la prison. Après un passage par une clinique privée, il est admis en résidence surveillée.

Si le régime de détention s’assouplit, c’est aussi parce que la pression s’intensifie. De toutes parts, on intime à l’Afrique du Sud de supprimer l’apartheid. Et de libérer le prisonnier. Discrètement, le président Frederik De Klerk entame un dialogue direct avec Mandela. Le 2 février 1990, à la surprise générale, l’ANC est légalisé. Puis vient la libération. Au lendemain de celle-ci, Mandela justifie à nouveau l’usage de la force :  » c’est un acte défensif contre la violence de l’apartheid « .  » Mais nous restons engagés pour la paix « , ajoute-t-il aussitôt. Quelques mois plus tard, en juin, l’apartheid est supprimé. Quelques années plus tard, en 1994, l’incontournable Mandela est élu président.

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