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Les cendres du volcan sont-elles une menace pour la sécurité de vos avions ?

La cendre volcanique se transforme en verre à hautes températures. Non, nous ne sommes pas dans un film de science-fiction. Depuis l’entrée en éruption du volcan islandais mercredi 14 avril, la fiabilité des avions est fortement remise en question. Est-ce une réalité ?

Jeudi dernier lors d’un bref vol d’entraînement, les réacteurs d’avions de combat F-18 finlandais ont été « significativement » endommagés par le nuage de cendres venu d’Islande.

A l’inverse, en France, les Airbus A380 et A340 ont été testés pour des mesures de précaution. Mais les équipages n’ont rien noté d’anormal à l’issue des deux vols essais. Après avoir voyagé dans l’espace aérien français pendant 3h50, l’A380 s’est posé sans souci particulier. Volant à une altitude commerciale normale, soit entre 10.000 et 12.000 mètres (33.000 à 39.000 pieds), la sureté de l’avion n’a pas failli.

Loin d’être dramatique, la situation actuelle semble maîtrisée. Dans le passé, l’aviation civile n’a pourtant pas toujours eu cette chance.

Les cendres ont déjà occasionné des accidents

Au cours des vingt dernières années, 80 cas d’avions pris dans des nuages de particules volcaniques ont été recensés. Au total, elles ont endommagé une vingtaine d’appareils avec des coûts de réparation atteignant des centaines de millions de dollars, selon des experts.

En 1982 au moment de l’éruption du volcan indonésien Galunggung, l’ensemble des réacteurs d’un avion de la British Airways avait perdu toute leur puissance pendant la traversée d’un nuage de cendres. Conséquences ? L’avion avait chuté de 4000 mètres. Par chance, après avoir touché une nappe d’air non polluée, ses moteurs avaient pu redémarrer. L’appareil avait finalement réussi un atterrissage d’urgence à Jakarta, malgré un pare-brise devenu totalement opaque sous l’action des cendres. De même, durant les célèbres éruptions du volcan indonésien Pinatubo en 1991, plus de 40 incidents impliquant des avions avaient été enregistrés.

Aujourd’hui, le journal américain Natural Hazards, spécialisé dans les risques naturels déplore : « La cendre volcanique dans la haute troposphère, où volent les avions commerciaux, peut causer une panne de moteur. Elle peut altérer les pales des turbines ou les sondes électroniques ». Rien d’alarmant dans l’immédiat, mais le trafic passager augmentant de 5% chaque année dans le monde, le caractère imprévisible des éruptions volcaniques peut faire de ce risque une menace significative.

Les avions ne sont pas certifiés pour résister aux cendres

Les moteurs d’avion sont sensibles à la cendre crachée par les volcans. C’est un fait qui n’est pas pris en compte dans la certification des avions, a expliqué aujourd’hui le président du directoire de Safran, l’un des grands motoristes mondiaux.

« On protège les moteurs de la pluie, de la grêle, du sable… mais les cendres volcaniques sont des événements rares et très variables », a communiqué Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran, la maison mère du motoriste français Snecma.
Face à ce constat, il tient à souligner que la recherche a d’autres sujets de préoccupation plus urgents : « les priorités actuelles sont en matière de consommation de carburant, d’émission de gaz à effet de serre et de bruit. »


LeVif.be, avec Belga

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