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Les bactéries se mettent à résister

Depuis près de 3 ans, nos bactéries de la flore intestinales se mettent à snober les antibiotiques. Voici un avertissement des experts réunis à Vienne pour le 20e congrès européen de microbiologie.

A l’occasion du congrès médical de microbiologie de Vienne, les 8000 experts pointent du doigt la progression de mécanismes résistants à certains antibiotiques. « Les résistances à des médicaments courants menacent la qualité des soins hospitaliers », indique le microbiologiste italien Giuseppe Cornaglia.

A l’origine de ce phénomène, la bactérie E. Coli. « Ce bacille fait partie de la flore intestinale normale des hommes, mammifères et oiseaux. Hôte commun, E. Coli peut parfois être pathogène et entraîner des gastroentérites, infections urinaires, méningites ou septicémies », explique Herman Goossens, professeur en microbiologie à l’hôpital universitaire d’Anvers (UZA). Jusque là, rien d’alarmant. Les affections qu’induisent E. Coli sont facilement soignables à l’aide d’antibiotiques tels que la pénicilline, l’amoxicilline ou les céphalosporines. « Or, depuis quelques années, ces bactéries produisent des enzymes dites ESBL. Ces molécules sont capables de rendre les antibiotiques insensibles. C’est là où le bât blesse », s’inquiète Herman Goossens.

Aux Pays-Bas, quelque 87% de la volaille serait contaminée par cette bactérie alors qu’en Belgique, on estime que 5 à 10% de la population en serait porteuse. Selon les experts, ces chiffres tendent à évoluer à la hausse mais l’origine de ce phénomène reste encore une énigme. « Cette résistance pourrait s’expliquer par le fait qu’un bon nombre d’antibiotiques soit administrés aux animaux d’élevage. En consommant ces viandes, l’homme assimilerait les antibiotiques et développerait des systèmes de résistance. Il s’agit là d’une hypothèse plausible mais il en existe bien d’autres », regrette le spécialiste en microbiologie.

Chez les femmes, la bactérie résistante provoque une inflammation de la vessie encore difficile à traiter. Mais cette infection reste rare. Chez des patients hospitalisés, la situation est plus délicate car les personnes sont plus vulnérables. Les conséquences d’une telle contamination peuvent donc être plus graves : inflammations pulmonaires, lésions intestinales voire infections du sang.

A ce jour, les personnes concernées ont recours à un antibiotique de secours, le carbapenem. Bien que la situation soit encore maitrisée, les experts appellent à la vigilance. Si la souche devenait totalement résistante, l’utilisation de beaucoup d’antibiotiques serait à mettre au ban.

Sarah Bourhis, avec Belga

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