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Le béton qui répare ses fissures lui-même

Stagiaire Le Vif

Un microbiologiste néerlandais a mis au point un biobéton capable de combler ses fissures grâce à une bactérie productrice de calcaire. Une découverte qui « pourrait marquer le début d’une nouvelle ère des immeubles biologiques » d’après son créateur.

Dans la construction, le béton est présent partout, et ce depuis toujours. Jusqu’à maintenant, peu importe la forme, le lieu ou la durée, il finissait toujours par se fissurer. « Le problème avec les fissures dans le béton repose dans les fuites. Si vous avez des fissures, l’eau s’infiltre au travers, dans vos sous-sols, dans votre parking… Deuxièmement, si cette eau atteint les armatures en acier [dans le béton, on trouve des barres d’acier], et si elles rouillent, cela peut provoquer l’effondrement de la structure » raconte le biologiste.

C’est à ce problème qu’Henk Jonkers, microbiologiste à l’université de technologie de Delft (Pays-Bas) a voulu s’attaquer. Il a travaillé à l’amélioration d’un biobéton. Ce composé imaginé au départ par des chercheurs catalans résiste à la pousse d’algues, de mousse et de champignons, mais aussi aux variations importantes de températures.

L’idée de départ est venue d’un technologue du béton qui souhaitait savoir si des bactéries pouvaient permettre au bloc de s’auto-régénérer à l’infini. Henk Jonkers a eu besoin de trois ans pour pouvoir donner une réponse affirmative. Les expériences, par contre, se sont avérées beaucoup plus compliquées. « Vous avez besoin de bactéries pouvant survivre dans l’environnement hostile du béton. C’est un matériau semblable à la pierre, de type roche, et donc très sec » justifie le microbiologiste.

Une bactérie qui réagit au contact de l’eau

Le biobéton a, en apparence, tout du béton traditionnel. A la seule différence qu’il contient une bactérie, invisible à l’oeil. Cette dernière peut rester inactive durant plusieurs années. Elle ne réagit que lorsque le biobéton se fissure et que l’eau s’insère dans les craquelures. Henk Jonkers a choisi pour son système d’utiliser la bactérie « bacillus », capable de vivre très longtemps dans un matériau sans eau ni oxygène.

Il restait alors au scientifique à trouver une solution pour que la bactérie produise du calcaire. La solution était d’insérer une source de nourriture. Henk Jonkers a d’abord opté pour le sucre avant de s’apercevoir que le mélange rendrait le matériau trop fragile.

Le lactate de calcium: la solution miracle

Il a ensuite mené des tests avec le lactate de calcium. Sous forme de capsules en matière plastique biodégradable, il les a insérées dans le béton végétal. L’intrusion de l’eau dans le matériau représente un signal pour les capsules qui peuvent commencer à agir. Lors des essais, les bactéries se sont multipliées en se nourrissant du lactate. C’est ainsi qu’elles ont produit du calcaire qui est venu colmater les brèches du béton.

Cette première réussite permet également à Henk Jonkers de prouver que nature et environnements urbains peuvent parfaitement cohabiter, et ce sans danger.

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Par Camille Ledun

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