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La saison de naissance pourrait influencer le cerveau du nourrisson

Stagiaire Le Vif

La saison de notre naissance pourrait, par le biais de différents facteurs (température, lumière, etc.), laisser une empreinte sur notre cerveau.

La revue Neurolmage a publié une étude pour le moins intrigante dans son numéro de mars. Son auteur, Spiro Pantazatos (université Columbia à New York), est parti du constat qu’il existe de nombreuses corrélations entre la saison à laquelle les humains naissent et la prévalence de certains troubles neurocomportementaux telles que la schizophrénie, la bipolarité ou les tendances suicidaires. La schizophrénie serait par exemple plus présente chez les personnes nées au printemps.

Cette corrélation s’expliquerait par plusieurs hypothèses. La température, les infections de saisons, l’alimentation qui diffère, selon la période de l’année et l’exposition quotidienne à la lumière naturelle, pourraient avoir une influence. L’étude est donc partie du principe que ces éléments extérieurs sont capables de marquer leur empreinte sur le cerveau lors de la période entourant la naissance.

Léger excès de schizophrènes chez les enfants du printemps

Spira Pantazatos est donc parti à la recherche de cette empreinte. Il a exploré plusieurs scanners du cerveau de plus de 500 adultes en bonne santé et vivant à Londres. Le cerveau des participants a ensuite été virtuellement découpé en une multitude de pixels en trois dimensions et le scientifique a comparé la répartition de la matière grise dans les grandes régions du cerveau, en tenant compte de l’âge des personnes et de leur volume intracrânien. Les résultats ne furent pas spectaculaires, mais tout de même intéressants : chez les hommes, le gyrus temporal supérieur gauche était en moyenne plus volumineux chez les individus nés en automne et au début de l’hiver que chez ceux nés au printemps ou au début de l’été. Or, cette zone du cerveau comprend le cortex auditif et l’aire de Wernicke, très importante pour la compréhension du langage et joue également un rôle dans la cognition sociale qui permet, par exemple, de décrypter les émotions sur le visage. C’est également une région dont un volume réduit est souvent associé à la schizophrénie.

Prédire la saison de naissance en observant le cerveau

Ensuite, Spira Pantazatos a inversé sa démarche. Plutôt que de s’appuyer sur les dates de naissance pour détecter des différences morphologiques selon les saisons, il est parti de l’observation du cerveau pour tenter de prédire la saison de la naissance. Le chercheur a bien pris en compte le fait qu’il y avait une chance sur quatre (25 %) de tomber juste grâce au hasard. Cette démarche s’est avérée inefficace chez les hommes, mais chez les femmes, le chercheur a obtenu un taux de réussite de 35 %. Des chiffres qui ne sont pas mirobolants, mais qui sont toutefois supérieurs à ceux attribués au seul hasard. L’échec concernant l’échantillon masculin peut être expliqué par le fait que les individus étudiés provenaient d’une région de Londres où la population immigrée est majoritairement constituée d’hommes issus de contrées tropicales ou équatoriales où les saisons sont moins marquées, ou de l’hémisphère sud où les saisons sont inversées.

L’étude n’en est donc encore qu’à ses prémisses même si elle montre d’ores et déjà que la saison ne naissance peut légèrement laisser une empreinte sur le cerveau. Les mécanismes sont encore à comprendre, mais l’auteur de l’étude est persuadé que l’environnement extérieur interagit avec les gènes du développement, surement via l’influence de la lumière avant et après la naissance et que cette interaction influence la structure du cerveau.

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