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Des scientifiques militent pour une mission européenne vers un astéroïde

Le Vif

Des scientifiques exhortent l’Europe à revenir sur son retrait d’une mission internationale destinée à modifier la course d’un astéroïde et empêcher une éventuelle collision avec la Terre.

« C’est le genre d’évènement qui pourrait entraîner une énorme catastrophe », a déclaré à l’AFP Andrew Cheng de l’université Johns Hopkins à Laurel, dans l’Etat américain du Maryland, lors d’un congrès européen des sciences planétaires à Riga. Baptisée AIDA (Asteroid Impact & Deflection Assessment), la mission test est cruciale pour apprendre à protéger notre planète des projectiles entrants, selon les experts.

Les Américains doivent envoyer dans l’espace un engin autoguidé baptisé DART (Double Asteroid Redirection Test) pour qu’il percute en 2022 la petite Lune de l’astéroïde Didymos, surnommé « Didymoon » et modifie sa trajectoire. Les Européens, eux, étaient censés expédier fin 2020 la sonde AIM afin d’étudier leurs caractéristiques de l’astéroïde et son satellite. Une caméra placée sur la sonde devait ensuite étudier le crash et son impact.

Mais en décembre, lors du Conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA), la mission à 250 millions d’euros a été rejetée par les ministres des Etats membres. Contrairement à la plupart des autres types de menaces naturelles, « le monde peut se protéger des impacts d’astéroïdes », a relevé Andrew Cheng.

« Nous n’avons pas connaissance d’astéroïde s’approchant de la Terre », a déclaré le scientifique. Mais « on peut encore en découvrir un » parmi les milliers de roches flottant au dessus de nos têtes.

En 2013, un petit astéroïde non répertorié de 20 mètres de diamètre s’était fragmenté près de la ville de Tcheliabinsk dans le centre de la Russie faisant plus de 1.300 blessés et de gros dégâts matériels.

Les corps de la taille de Didymoon (on estime son diamètre à 160 mètres) sont considérés comme plus dangereux. Selon des estimations, de tels objets frapperaient la Terre avec une force comparable à celle de 400 mégatonnes de TNT, « plus que la plus grosse bombe à hydrogène », a précisé Andrew Cheng.

Une version allégée d’AIM va être proposée: adieu atterrisseur et radars, pour ramener le prix à 210 millions d’euros, la mission n’emportera qu’une caméra et un satellite miniaturisé.

« Nous soumettrons cette nouvelle proposition » lors la prochaine conférence ministérielle de l’ESA prévue en 2019, a précisé à l’AFP le directeur général de l’ESA Jan Woerner.

Mais il n’est plus question que la sonde AIM soit sur place quand DART percutera « Didymoon » en 2022. Plutôt « deux ou trois ans plus tard », a déclaré Patrick Michel, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur et responsable scientifique de AIM.

« L’objectif principal de la mission est de mesurer la masse de l’objet (Didymoon), car c’est ainsi que l’on peut mesurer précisément la déviation », a précisé le chercheur. Une donnée qui n’aura pas changé en deux ou trois ans.

« C’est important pour l’humanité que notre espèce ait les moyens, un jour, de détourner un astéroïde. Il ne s’agit pas de savoir si cela va arriver mais seulement quand », a expliqué Jan Woerner.

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