Ata © AFP

Ata, la momie « extraterrestre » est une petite fille

Muriel Lefevre

Le squelette d’Atacama, une momie très étrange au long crâne ovoïde, a fasciné durant longtemps les amateurs d’extraterrestres. Son origine est plus terre-à-terre, pour ne pas dire franchement glauque.

Le « squelette d’Atacama » a été découvert par Oscar Munoz, un archéologue amateur, en 2003. Il était caché dans un sac dans les tréfonds d’une église abandonnée dans le désert chilien non loin de la ville fantôme de La Noria. La momie, baptisée Ata, n’est pas bien grande avec ses 15 centimètres, mais sa forme très étrange va rapidement intriguer. Elle a un crâne gonflé, des orbites inclinées et des os d’un âge osseux d’un enfant de 6 à 8 ans.

Des études ADN ont déterminé depuis 2013 qu’il s’agissait d’un être humain, d’une fille plus précisément. Cela ne va pas empêcher la petite dépouille de faire l’objet d’un culte au sein de la communauté qui croit aux OVNIS et qui voit en elle la preuve de leur existence.

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Une nouvelle étude vient de montrer que la petite fille, originaire des Andes, souffrait en réalité d’une accumulation rarement vue de rares malformations congénitales. La présence, non loin, d’une mine de salpêtre pourrait en être la cause pensent des experts.

Les experts avaient auparavant émis l’idée que les os semblaient appartenir à quelqu’un qui était âgé de six à huit ans, rappelle cette nouvelle étude. Mais au vu des nouvelles analyses, il s’agit vraisemblablement d’une fausse couche ou d’un bébé né prématurément mort-né selon un article publié dans la revue Genome Research par le biologiste cellulaire Garry Nolan de l’Université de Stanford. De toute façon, « elle était si mal formée qu’elle aurait été incapable de se nourrir », précise encore le chercheur.

L’enfant semble avoir au moins sept mutations génétiques à l’origine de différente déformation ou vieillissement du squelette. Certaines connues comme le « syndrome de Kabuki », l' »ostéogenèse imparfaite » ou encore la « Greenbergdysplasia ». Chacune de ces maladies provoque de lourds handicaps. Cette petite fille les avait toutes et même d’autres qu’on ne connaissait pas encore. Le plus étrange, selon le chercheur, c’est que l’enfant n’a que dix côtes. « Dans notre étude qui regroupe 1 300 foetus et nouveau-nés décédés, nous n’avons trouvé que deux cas avec dix côtes. Et ces derniers s’accompagnent toujours de plusieurs importantes déformations. »

La découverte de ces mutations qui pourraient avoir vieilli les os d’Ata et qui étaient jusqu’alors inconnues pourrait aider la médecine, déclare Nolan dans The Guardian. « Comprendre le processus pourrait en effet nous permettre de développer des thérapies ou des médicaments qui stimulent le développement osseux de patients gravement blessés suite à des accidents.

La mine de salpêtre a été fermée après la Première Guerre, ce qui fait penser que le foetus aurait au moins un siècle, mais selon Nolan il se peut qu’il soit plus contemporain. Les effets des mutations peuvent en effet avoir été aggravés par l’empoisonnement aux nitrates, la malnutrition et des conditions de vie terribles. Au regard de sa conservation, le foetus est probablement mort une quarantaine d’années avant sa découverte. La momie est aujourd’hui détenue par un collectionneur espagnol. Pour le chercheur, ce petit être doit retourner au Chili pour être enterré selon les coutumes locales.

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