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Zika : un cas de transmission du virus par voie sexuelle confirmé aux Etats-Unis

Le Vif

Les autorités sanitaires américaines (CDC) ont confirmé mardi un cas aux Etats-Unis de transmission du virus Zika par voie sexuelle, intensifiant les craintes d’une propagation rapide de la maladie soupçonnée de provoquer des malformations cérébrales chez les foetus.

Les ministres de la Santé du Mercosur, le marché commun du continent sud-américain, le plus touché, doivent se réunir mercredi en Uruguay pour évoquer l’épidémie dans la région. L’objectif de la rencontre est d' »évaluer la situation épidémiologique, en relation avec les maladies transmises par le (moustique) Aedes Aegypti », vecteur du Zika, a indiqué mardi le ministère uruguayen de la Santé.

La Croix-Rouge a de son côté lancé un appel urgent aux dons pour lutter contre l’épidémie potentiellement dangereuse pour les femmes enceintes et en pleine expansion en Amérique latine, avec des cas également signalés en Afrique et en Asie.

« La seule manière de stopper le virus Zika est de contrôler les moustiques vecteurs (de la maladie) ou d’interrompre totalement leur contact avec les humains, en accompagnant cela de mesures pour réduire la pauvreté », a plaidé dans un communiqué Walter Cotte, directeur pour les Amériques de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié lundi d' »urgence de santé publique de portée mondiale » cette épidémie, l’Amérique latine n’est plus la seule touchée par des cas domestiques.

Un homme a contracté le virus Zika en Thaïlande, ont annoncé mardi les autorités sanitaires du royaume. Dimanche, un institut de recherche indonésien avait déjà annoncé un cas positif sur l’île de Sumatra. D’autres patients, contaminés localement, ont été signalés au large du continent africain, au Cap-Vert.

Contamination par voie sexuelle

En Europe et en Amérique du Nord, des dizaines de cas ont été rapportés chez des personnes revenant de voyages dans les pays touchés, mais avec les températures froides qui empêchent la survie des moustiques, ils suscitent moins d’inquiétude.

Le Dr Tom Frieden, directeur des Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a confirmé plus tard mardi dans un courriel une contamination par voie sexuelle au Texas, annoncée plutôt par les autorités de santé publique du comté de Dallas. « Un voyageur qui s’était rendu au Venezuela est rentré aux Etats-Unis et a développé des symptômes d’infection par le virus du Zika tout comme la personne avec laquelle il a eu des relations sexuelles et qui n’a pas elle quitté le territoire américain », écrit-il. Ce « premier cas d’infection domestique a été confirmé par des tests de laboratoire », précise le Dr Frieden sur Twitter.

Les CDC avaient indiqué la semaine dernière qu’on leur avait déjà signalé un cas de transmission sexuelle du virus Zika aux Etats-Unis. Il s’agit d’un biologiste américain qui avait été infecté au Sénégal en 2008 lors d’une mission et avait de toute évidence transmis le virus par voie sexuelle à son épouse. Les CDC ont également mentionné le cas du collègue de ce scientifique dont le sperme contenait des virus vivant du Zika plusieurs semaines après avoir guéri, dont le sang n’avait plus aucune trace de ce pathogène.

La Dr Anne Schuchat, directrice adjointe des CDC avait alors insisté sur le fait que « le virus Zika se transmet essentiellement par la piqûre d’un moustique infecté ».

Si les symptômes du virus, semblables à la grippe et pouvant même passer inaperçus, sont généralement bénins, ce sont ses complications qui inquiètent.

Plus de 400 cas de microcéphalie confirmés, 3.670 autres suspects

Les autorités ont pu établir pour 17 malades une connexion avec le virus Zika, fortement soupçonné d’avoir un lien avec la microcéphalie, une malformation congénitale dont souffrent les enfants nés avec un cerveau anormalement petit.

Au 30 janvier, 4.783 cas suspects avaient été analysés, parmi lesquels 709 ont été écartés et 404 ont eu un diagnostic confirmé, une augmentation de 49,6% par rapport à la semaine dernière, précise le ministère dans un communiqué. Le nombre de cas suspects a lui progressé de 6,43% en une semaine. Par comparaison, seulement 147 cas de microcéphalie ont été diagnostiqués sur toute l’année 2014. Par ailleurs, 76 décès de nourrissons ont été rapportés, dont 15 souffraient de microcéphalie ou d’une autre altération du système nerveux, et le virus Zika a été repéré dans le tissu foetal de cinq d’entre eux. Cinquante-six cas sont en cours d’analyse et cinq ont été écartés.

Chez un nouveau-né, tout périmètre crânien inférieur ou égal à 33 cm est considéré comme un possible cas de microcéphalie, ce qui est ensuite confirmé ou infirmé par des examens. Depuis avril 2015, plus d’un million et demi de Brésiliens ont contracté le virus Zika, qui se propage de manière exponentielle en Amérique latine via le moustique Aedes aegypti, vecteur également de la dengue, de la fièvre jaune et du chikungunya.

Le Zika est également soupçonné d’être lié au syndrome neurologique de Guillain-Barré (SGB), pouvant entraîner jusqu’à une paralysie irréversible.

Recherche d’un vaccin

Le Brésil, pays le plus touché avec près de 1,5 million de cas, selon l’OMS, a formellement déconseillé lundi aux femmes enceintes de venir dans le pays où sont prévus les jeux Olympiques en août et où 404 cas de microcéphalie ont été confirmés et 3.670 cas suspects sont en cours d’examen.

Le comité organisateur des JO de Rio s’est dit mardi « inquiet » face au virus, mais confiant dans une chute du nombre de cas pour le début des compétitions en août, en plein hiver austral. « Nous avons travaillé avec les autorités locales pour augmenter les inspections » des potentiels foyers de moustiques, a affirmé Mario Andrada, porte-parole de Rio-2016.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a d’ailleurs fait de la lutte contre le Zika une des priorités du pays pour 2016, mardi dans son message de début d’année au Congrès.

« L’étendue géographique des espèces de moustiques qui peuvent transmettre le virus, l’absence de vaccin et de tests fiables, ainsi que le manque d’immunité de la population dans les pays nouvellement touchés (…) constituent des causes supplémentaires d’inquiétude », avait souligné lundi la directrice de l’OMS Margaret Chan.

En réaction, le laboratoire Sanofi Pasteur, a annoncé mardi se lancer dans la recherche d’un vaccin, voulant s’appuyer « sur les succès obtenus dans le développement de vaccins contre des virus similaires », comme celui contre la dengue.

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