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Scandale sanitaire chez Veviba: ce qu’il faut savoir

L’entreprise Veviba, abattoir et atelier de découpe filiale du groupe flamand Verbist, s’est vue retirer ses agréments suite à des infractions constatées sur le site. Quels sont les magasins concernés ? Y a-t-il un risque pour la santé des consommateurs ? On fait le point.

Le ministre fédéral de l’agriculture, Denis Ducarme, et l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (Afsca) ont décidé de procéder au retrait des agréments de l’entreprise Veviba de Bastogne. Cette décision fait suite à une perquisition menée par un juge d’instruction, la semaine dernière, dans un abattoir, un atelier de découpe et un surgélateur industriel.

Quelles sont les infractions constatées ?

Les infractions constatées sont relatives à des falsifications des renseignements sur la date de congélation de la viande et à une non-conformité de plus de 50% des produits contrôlés, a précisé le cabinet du ministre, parlant de produits « potentiellement dangereux » pour la sécurité alimentaire.

« Il y a une fraude sanitaire liée à des déchets de viande de catégorie 3 (interdits à la consommation) qui ont été relancés dans la chaîne alimentaire humaine, et une fraude de non-conformité, qui s’est révélée sous différentes formes », souligne Ducarme. « Les contrôles menés à -28 degrés n’ont concerné que 10% de la production. Sur les 200 palettes analysées, 138 n’étaient pas conformes », s’inquiète-t-il.

Le personnel au courant ?

« Depuis 1998, notre entreprise a collaboré sans faille avec les autorités de contrôle car la sécurité alimentaire a toujours été sa priorité. La présence quotidienne dans ses installations d’inspecteurs de l’AFSCA en est la démonstration. L’enquête établira la juste proportion des faits à démontrer et Veviba prendra toutes les mesures nécessaires en collaboration avec les autorités », a fait savoir le groupe.

TVLux a par ailleurs rapporté les propos de Bernard Van Wynsberghe, permanent CSC alimentation et services, qui a reçu les confidences de membres du personnel. « Des irrégularités avaient été dénoncées mais rien n’a pu être fait contre Veviba. Peur de représailles, peur de la perte d’avantages. Des enveloppes auraient même été glissées parmi le personnel contre la falsification des étiquettes de viande… », peut-on lire sur le site du média local.

Où trouve-t-on ces produits ?

Parmi les enseignes concernées, on retrouve les supermarchés Delhaize et Colruyt.

Delhaize a décidé de suspendre sa collaboration avec VEVIBA et avec le groupe Verbist, propriétaire de l’entreprise de Bastogne. Tous les produits de viande du groupe Verbist seront, à titre préventif, retirés des rayons des supermarchés. La RTBF a mis en ligne la liste des produits concernés par le retrait. Delhaize a annoncé vendredi qu’elle mettait un terme définitif, avec effet immédiat, à sa coopération avec toutes les filiales du groupe Veviba, estimant que « toute violation de la sécurité alimentaire est inacceptable »

Colruyt a également assuré que les produits provenant de la salle de découpe de l’entreprise de Bastogne seront retirés de la vente. Selon l’enseigne, 90% de la viande vendue dans ses rayons est livrée en carcasse, découpée et traitée par des bouchers chevronnés au sein du groupe. « Cette viande n’est donc pas concernée et nous pouvons en garantir la traçabilité », indique Colruyt. LE groupe a également suspendu vendredi sa collaboration avec l’entièreté de Verbist

De son côté, Carrefour a fait savoir que l’entreprise de Bastogne ne faisait pas partie de ses fournisseurs. Mais le groupe collabore avec l’abattoir Adriaens de Zottegem, repris il y a quelques années par VEVIBA. « Des contrôles inopinés ont eu lieu plusieurs fois par semaine dans cet abattoir. Il n’y a jamais eu d’indication concernant le moindre problème », affirme le porte-parole de Carrefour, Baptiste van Outryve.

L’Afsca a également annoncé jeudi soir procéder au rappel de viande hachée Veviba, de l’américain nature exclusivement, ayant été commercialisé à Anderlecht, et ce afin de protéger le consommateur. Cette distribution s’est produite au niveau d’un lieu de vente situé dans le marché couvert « FoodMet » à Anderlecht, par la boucherie Amar, précise l’Afsca.

Quels risques pour la santé ?

Des étiquettes de viande congelée ont notamment été retirées et remplacées par d’autres affichant une date plus récente. Pour Philippe Houdart, de l’Afsca, cela ne représente pas un risque direct pour la santé publique. « La viande qui est congelée plus longtemps peut perdre du goût et son odeur peut être différente à la cuisson. »

En revanche, la fraude dans la division découpe concerne des morceaux de carcasse qui n’étaient pas destinés à la consommation et qui se sont retrouvés dans la viande hachée vouée à être transformée ultérieurement. « Un boeuf abattu, est également égorgé, afin de laisser le sang s’échapper. Lorsque la peau est coupée, les bactéries peuvent contaminer la viande. Normalement, cette partie est donc dégagée pour être utilisée comme alimentation animale par exemple. Cela n’a pas été le cas ici », a précisé Philippe Houdart. « Cela peut potentiellement représenter un risque, principalement pour les personnes qui consomment la viande crue. Pour la viande bien cuite, le risque est moindre. »

« Le consommateur est complètement voué à lui-même et dépend de ce qui apparait dans la presse », a réagi Test Achats, qui exige « que les numéros des lots des produits concernés que Delhaize et Colruyt retirent de leurs rayons soient rendus publics », afin que le consommateur puisse faire son choix en connaissance de cause.

Les consommateurs qui auraient acheté de la viande hachée dans la boucherie à Anderlecht sont priés de ne plus consommer cette viande. En cas de consommation et si des troubles digestifs se manifestaient, l’Agence alimentaire conseille aux consommateurs de consulter sans délai leur médecin traitant.

Les consommateurs peuvent également prendre contact avec l’Agence alimentaire via le Point de Contact au numéro gratuit 0800/13.550.

(avec Belga)

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