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Nouvelle loi sur l’IVG, les associations de femmes déçues

Le Vif

Les députés belges votent jeudi une nouvelle loi sur l’avortement qui prévoit quelques « avancées » d’après ses promoteurs, mais déçoit vivement les associations de femmes qui espéraient une extension du délai légal de 12 semaines.

C’est la première fois depuis la loi de 1990 ayant dépénalisé partiellement l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qu’un texte sur ce sujet est soumis au Parlement belge.

Après des mois de débats dans la classe politique et la société civile, il devrait être adopté jeudi en fin de journée en séance plénière à la Chambre des représentants, selon des sources parlementaires.

Au rayon des « avancées » vantées par les défenseurs du texte figurent la création d’un délit d’entrave visant les anti-IVG qui bloqueraient l’accès à un centre, ainsi que l’obligation pour un médecin opposé à l’avortement de recommander à la femme qui souhaite avorter un confrère susceptible de satisfaire sa demande.

« C’est la politique des petits pas. Avec une majorité conservatrice c’était impossible d’aller au-delà », a déclaré à l’AFP David Clarinval, député du Mouvement réformateur (MR, libéral francophone), initiateur du texte.

Issu du parti du Premier ministre Charles Michel, cet élu a dû trouver un compromis pour satisfaire les conservateurs flamands associés à la majorité et qui, d’après lui, « ne voulaient pas de ces avancées ». Il vise les nationalistes de la N-VA et les démocrates-chrétiens du CD&V.

Mais dans le mouvement laïc, les plannings familiaux et autres associations de défense des femmes, la déception s’affiche au grand jour.

« C’est un arrangement politique, un compromis idéologique et le dindon de la farce ce sont les femmes et les médecins! », a protesté Sylvie Lausberg, présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique, jointe par l’AFP.

Cette historienne est une des principales animatrices d’un collectif baptisé « Manifeste des 350 », qui a recueilli ces derniers mois des milliers de signatures exigeant « une réelle légalisation de l’IVG », plutôt qu’un texte réaffirmant, comme en 1990, le risque d’une peine pouvant aller jusqu’à un an de prison pour femmes et médecins en cas d’écart.

Au lieu d’un allongement du délai légal à 18 voire 20 semaines un temps évoqué, le texte reste sur le « statu quo à 12 semaines de grossesse », regrette le « Manifeste » (référence à celui des « 343 » dans les années 70 en France).

« Cela oblige donc, encore et toujours, des centaines de femmes à se rendre chaque année aux Pays-Bas », fait-il valoir.

De son côté la députée socialiste Karine Lalieux a jugé « totalement archaïque » de continuer à « culpabiliser la femme » en prévoyant des sanctions.

Selon elle, une étude récente a montré que « 75% des Belges » soutenaient une dépénalisation totale de l’avortement.

En Belgique quelque 20.000 avortements sont pratiqués annuellement, selon les derniers chiffres disponibles.

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