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Les smartphones, responsables d’un boom des accidents domestiques ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Le lien entre les accidents au volant et l’utilisation des smartphones a récemment été mis en lumière. Des hypothèses se formulent maintenant sur la corrélation de plus en plus importante entre l’utilisation des smartphones et les accidents dont sont victimes, aux USA, les enfants de moins de 5 ans. Un économiste américain s’est penché sur ce phénomène.

Un article récent de l’économiste Craig Palsson*, relayé par Paul Seabright (directeur de l’Institut d’études avancées de Toulouse) sur le site du Monde, établit une corrélation entre l’utilisation des smartphones et les accidents domestiques en expliquant que l’attention des parents est distraite par l’usage du mobile. Cette étude, malgré son engouement médiatique, n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique et n’a donc pas encore été soumise à un comité de lecture, ses résultats sont donc à prendre avec une certaine précaution. Elle propose toutefois une méthodologie et une réflexion intéressante qui pourraient bien poser question.

Le papier de Craig Palsson part du constat qu’entre les années 2005 et 2012 aux Etats-Unis, période où l’utilisation des smartphones a beaucoup augmenté, il y a eu une hausse de 10 % du taux de blessures des enfants de moins de 5 ans. Évidemment, dans ce contexte, la corrélation n’implique pas toujours de causalité, mais ce qui rend l’hypothèse plus plausible est que l’auteur de l’étude avance, sur base de statistiques fiables, qu’il existe bel et bien une corrélation importante entre la date de la connexion des villes à l’Internet mobile et celle de l’augmentation du taux d’accident.

Une augmentation des accidents de plus de 10 % pour les enfants en dessous de 2 ans

Craig Palsson a donc creusé un peu plus ses recherches en analysant si les parents de jeunes enfants et de bébés étaient réellement distraits par leurs smartphones dans leurs tâches quotidiennes. Les statistiques relevées par Craig Palsson corroborent l’hypothèse : une fois la 3G implantée, les accidents domestiques augmentent de plus de 10 % chez les enfants de moins de 2 ans, et de 1 à 7 % selon les villes pour les enfants de 6 à 10 ans. Dans cette logique, le taux d’accidents à l’école, en dehors de la surveillance des parents, devrait, lui, rester au même niveau. Les statistiques confirment les suspicions de l’auteur: aucune augmentation n’est visible dans les écoles.

Cependant, Craig Palsson ne veut pas conclure trop rapidement à un lien de cause à effet, car il reste certaines questions à résoudre. Il est en effet difficile de savoir si les enfants victimes d’accidents domestiques sont principalement ou non des enfants dont les parents utilisent des smartphones, car les hôpitaux ne collectent pas ce genre de données. La seule information disponible est que les enfants blessés ont davantage tendance à vivre dans les villes où l’utilisation des smartphones a le plus progressé. L’auteur de l’étude avance aussi que les parents incriminés peuvent très bien être distraits par d’autres facteurs que leur smartphone, comme leur boulot ou leurs tâches ménagères qui pourraient être la vraie cause des accidents. A ce stade, des recherches plus détaillées sont nécessaires pour réellement confirmer ce lien de cause à effet entre l’utilisation du smartphone et la hausse des accidents à la maison.

* That Smarts ! Smartphones and Child Injuries , Department of Economics, Yale University, 7 octobre 2014

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