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Les effets inattendus des bactéries intestinales sur l’efficacité des chimiothérapies

Le Vif

Les milliards de bactéries qui cohabitent dans notre intestin n’ont pas fini de révéler leurs secrets et leurs bienfaits sur notre organisme. Une nouvelle étude, relayée par le site Sciences et Avenir, avance que deux espèces de bactéries intestinales ont le don de booster l’efficacité de chimiothérapies utilisées dans le traitement de nombreux cancers.

On qualifie de microbiote intestinale les milliards de bactéries qui peuplent notre intestin. On savait déjà qu’elles jouaient un rôle important dans certaines maladies tel que le diabète de type 2 ou l’obésité, on apprend maintenant qu’elles agissent sur le traitement de nombreux cancers, en boostant leur efficacité. Cette découverte réalisée conjointement par des chercheurs de l’Inserm, de Gustave Roussy, du CNRS et de l’Institut Pasteur de Lille, a fait l’objet d’une publication dans la revue Immunity. Les deux espèces de bactéries intestinales qui permettent d’optimiser les chimiothérapies à base de cyclophosphamide portent les noms scientifiques suivant : Enterococcus hirae et Barnesiella intestinihominis. Les chimiothérapies à base de cyclophosphamide sont utilisées dans le traitement de nombreux cancers.

Comme l’explique Sciences & Vie, les chercheurs ont constaté leur efficacité en les administrant successivement par voie orale chez la souris. Dans la pratique, tout se joue au niveau des effets secondaires de la chimiothérapie. Le traitement entraînant une plus forte porosité de la barrière intestinale, il permet le passage des bactéries du microbiote dans la circulation sanguine. Pour lutter contre ce passage anormal des bactéries dans la circulation, une réponse immunitaire se déclenche qui peut entraîner la destruction des cellules tumorales. L’effet bénéfique est totalement inattendu pour les chercheurs. « La tumeur est donc attaquée directement par le traitement de cyclophosphamide et indirectement par cet effet ‘boostant’ des bactéries », résume l’Inserm dans un communiqué.

Mémoire immunitaire

En réalisant cette étude, les chercheurs ont aussi découvert un autre effet intéressant de ces deux bactéries de l’intestin après avoir analysé le profil immunitaire d’une variété de globules blancs, les lymphocytes, de 38 patients atteints d’un cancer du poumon ou de l’ovaire à un stade avancé et traités par chimio-immunothérapie. Là aussi, les bactéries E. hirae et B. intestinihominis ont un rôle intéressant à jouer. Ils ont ainsi découvert que la présence de lymphocytes T fabriqués spécifiquement en présence de ces bactéries permet de prédire la période durant laquelle un patient vit avec un cancer sans qu’il ne s’aggrave, pendant et après un traitement. « L’efficacité d’un médicament anticancéreux repose sur une interaction complexe entre le microbiome du patient et sa capacité à élaborer une mémoire immunitaire efficace contre certaines bactéries du microbiote intestinal », explique Mathias Chamaillard, l’un des principaux auteurs de l’étude, cité par Sciences & Vie.

« Ces découvertes sur la microbiote intestinale permettront une meilleure efficacité des traitements en optimisant l’utilisation des antibiotiques, mais également par la mise en place d’une supplémentation de certaines bactéries qualifiées d’oncomacrobiotiques (ou de leurs principes actifs) capables de renforcer l’efficacité des anticancéreux », ajoute-t-il. L’équipe de recherche française s’attellera à l’avenir à analyser des parties spécifiques des bactéries responsables du renforcement des effets du cyclophosphamide. « Si nous arrivons à répondre à cette question, nous pourrons peut-être trouver une manière d’améliorer la survie des patients traités par cette chimiothérapie en leur administrant des médicaments dérivés de ces bactéries », poursuit Mathias Chamaillard.

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