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Les bonnes résolutions qui rendent joyeux

Le Vif

Chaque nouvelle année, elles refont leur apparition: les éternelles bonnes résolutions. Et si pour une fois, vous vous facilitiez la vie ? Les conseils suivants s’appliquent très facilement à la vie quotidienne. Et ils fonctionnent vraiment, car ils sont basés sur la science.

1. Choisissez l’expérience

Supposons, il vous reste quelques euros, et vous voulez vous dorloter. Les possibilités sont infinies. Vous pouvez acheter des objets : un sac à main, une montre, une télévision. Ou vous achetez des expériences : une soirée au restaurant, un concert, un cours de soufflage de verre. D’après Daniel Gilbert, psychologue à l’Université de Harvard et auteur de Stumbling on Happiness, les expériences procurent plus de bonheur que les objets. Selon lui, c’est parce qu’on s’habitue très vite aux objets. Le plaisir d’une nouvelle montre passe après quelques semaines ou mois alors que le souvenir de ces pâtes alla vongole face à un merveilleux soleil couchant ou de Prince qui chante Purple Rain sous la pluie à Werchter demeurera toujours. En outre, il est probable que vous partagiez ces expériences avec les gens autour de vous, et les meilleurs pronostiqueurs de bonheur à long terme sont les bons contacts sociaux. C’est bon pour l’ego aussi, car les expériences deviennent une partie de qui vous êtes. En cas de choix entre une quatrième robe noire ou une soirée au cinéma, Gilbert conseille la deuxième option.

2. Lisez un livre

Parce que la lecture est relaxante/captivante, parce que le voyage en train passe plus vite, parce qu’elle vous transporte dans un autre monde, parce que sinon vous restez sans rien faire à côté de la piscine dans le Midi, parce qu’elle stimule l’imagination, parce qu’elle améliore la concentration, bref, chacun a ses raisons d’ouvrir un bon livre.

En voici quelques autres: la lecture fait crépiter le cerveau, elle assure de nouvelles jonctions dans le cerveau et ne stimule pas uniquement notre centre du langage, mais aussi notre centre des sens. Elle entraîne notre theory of the mind, soit notre capacité à comprendre que nos idées, désirs et sentiments ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux de quelqu’un d’autre.

En outre, des chercheurs de Boston College ont découvert que la lecture de fiction nous rend plus empathiques. En compatissant avec les personnages, on cultive une implication émotionnelle qui se poursuit dans la vie quotidienne après la dernière page. Et plus la fiction est complexe, mieux ça vaut, ont-ils constaté à la New School de New York. La littérature et ses personnages complexes et faillibles vous rend plus empathique qu’un navet rempli de personnages stéréotypes ou caricaturaux.

3. Bavardez

Autrefois, quand les poules avaient des dents, les gens se parlaient. Le boucher voulait savoir comment allait votre plus jeune, vous vous plaigniez du temps à votre voisine et votre collègue vous demandait si vous aussi vous aviez trouvé la réception de Nouvel An amusante/ennuyeuse. Aujourd’hui, on regarde souvent par terre, et on parle beaucoup moins de la pluie et du beau temps. C’est dommage, car ces bavardages nous mettent de bonne humeur. C’est ce qu’ont découvert la professeure Elizabeth Dunn et son collège Michael Norton de Harvard, en réunissant des gens qui ne se connaissaient ni d’Ève ni d’Adam et en les étudiant.

Peu importe que vous soyez introverti ou extraverti, après ce genre d’interactions sociales on se sent mieux, concluent-ils. Quand on bavarde avec quelqu’un qu’on ne connaît pas bien – la barista, la caissière, sa voisine de tram – on sourit plus et on se fait passer pour plus joyeux, ce qui fait qu’on se sent effectivement plus joyeux. En plus, c’est une belle interruption de la routine quotidienne.

4. Levez-vous

L’exercice est bon pour nous. C’est même la seule chose que nous avons qui se rapproche de l’élixir de la jeunesse éternelle. Et donc nous sommes bien décidés à faire plus d’exercice en 2017. Seulement, c’est si fatigant de faire du sport. Il faut se changer, prendre une douche, et les jours ne comptent que 24 heures. Pas de problème, estime James Levine, directeur de la Mayo Clinic. Pour lui, il faut de l’exercice qui n’est pas du sport. En prenant l’escalier au lieu de l’ascenseur, en descendant du tram ou du bus un arrêt avant sa destination, en téléphonant en marchant, en travaillant de temps en temps debout, en faisant ses courses à pied, en se promenant dix minutes à l’heure de midi, en allant poser une question à une collègue au lieu de lui envoyer un e-mail, on peut brûler environ 350 calories par jour, autant qu’en faisant une heure de zumba, mais sans une goutte de transpiration.

5. Prenez l’air (ou achetez une plante)

Cela ne frappe plus vraiment, à présent que nous vivons en masse dans les villes, mais nous sommes une espèce qui a besoin de verdure.

On guérit plus vite avec vue sur un arbre, la tension baisse après une promenade dans un parc et on réalise de meilleurs examens dans un local éclairé de lumière naturelle. Le biologiste Edward O. Wilson a baptisé cet effet la biophilie.

N’hésitez donc pas à sortir, de préférence dans la nature. Promenez-vous dans le jardin, même s’il y a du brouillard. Mettez plein de plantes sur votre balcon et dans votre bureau. Et mettez une image de la nature en fond d’écran, car même un petit bout de nature artificielle est bénéfique.

6. Osez jurer, nom d’une pipe

On ne jure pas. C’est grossier et vulgaire. Pourtant, le fait que jurer est universel en dit long. On en a besoin parce que ça faut du bien. Rien n’exprime aussi bien la frustration qu’un merde retentissant, et la colère se transforme vraiment en fureur quand on y ajoute un beau « putain ». Jurer permet de renforcer ses sentiments et nous rend plus convaincants. Dans le bon contexte, jurer crée aussi un lien mutuel : on se connaît si bien qu’on peut jurer en présence de l’autre.

Jurer

En plus, jurer serait efficace contre la douleur. Richard Stephens, l’auteur du livre Black Sheep : The Hidden Benefits of Being Bad, a demandé à ses étudiants de plonger la main dans un seau d’eau glacée. Les étudiants qui pouvaient – devaient même – jurer, tenaient deux fois plus longtemps que ceux qui ne pouvaient pas. En plus, jurer accélère les battements de coeur, ce qui atténue également la douleur. Et plus le juron est grossier, plus l’effet est amplifié. Vous savez ce qu’il vous reste à faire lors de votre prochaine séance d’épilation ou si vous vous cognez à la table basse.

7. Soyez reconnaissant

Les Américains y consacrent un jour férié depuis 1861 et ce n’est pas si bête. La reconnaissance est positive et il n’est pas même nécessaire d’organiser un dîner familial avec une dinde. « Ce n’est pas un sentiment, mais un choix », estime le professeur Robert Emmons, auteur de Thanks ! qui a étudié la question depuis près de vingt ans. « C’est une discipline qu’on peut apprendre. » Pour ses expériences, il a demandé aux participants de régulièrement noter les choses pour lesquelles ils étaient reconnaissants. « La générosité d’un ami, un petit-fils qui reçoit son premier bon bulletin, le soleil qui perce les nuages. Même quand nos participants tenaient ce journal pendant trois semaines, on voyait les avantages. »

Et sur trois plans. Psychologique, évidemment. Les gens se sentent plus positifs, alertes, énergiques, et attentifs et éprouvent plus de plaisir dans la vie. Physiquement aussi, les chercheurs voient des effets. Les gens qui tiennent un journal de gratitude dorment mieux et se soignent mieux. Socialement aussi, la reconnaissance est utile. Les gens sont plus aidants, sociables, généreux et empathiques. Une attitude reconnaissante vous rend également plus sympathique aux yeux des autres et elle semble même efficace contre la solitude, car les gens s’arrêtent à ce qu’ils ont et pas à ce qu’ils n’ont pas. C’est la clé de l’explication, estime Emmons. « On apprend à fixer l’attention sur le positif. Et sur d’autres gens, car celui qui réfléchit aux choses pour lesquelles il est reconnaissant découvre que tout ne tourne plus autour de lui. » Et les écrire ? C’est utile, car vous ordonnez vos pensées et concrétisez les sentiments vagues.

8. Exploitez vos talents

« If You’re So Smart, Why Aren’t You Happy? » (Si vous êtes si intelligent, pourquoi n’êtes-vous pas heureux ?) Voilà un titre qui en jette. L’auteur, le professeur en marketing Raj Raghunathan, est parti à la recherche d’études scientifiques sur ce qui rend les gens heureux. Manifestement, il y a trois facteurs très importants. La fraternité et un nombre suffisant de contacts sociaux, un degré d’autonomie suffisant pour prendre des décisions importantes, et la maîtrise de l’activité qui occupe nos journées. « Un sentiment de compétence nous rend heureux, la maîtrise d’une discipline ou d’une compétence, déclare Raj Raghunathan. »

Demandez-vous ce que vous aimez, et ce en quoi vous êtes bon. Cela peut être tout : enseigner ou cuisiner, courir ou écrire, vendre ou distraire un enfant, soigner une personne ou équilibrer une comptabilité. C’est peut-être votre job, peut-être un hobby, peu importe, mais focalisez sur vos talents, de sorte que vous vous améliorez un peu à la fois. Cela procure une satisfaction intrinsèque, indépendante de ce qui se passe autour de vous. Et cela vous rend heureux.

Nathalie Le Blanc

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