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Le plancher pelvien, l’un des derniers mystères de notre anatomie

Muriel Lefevre

Son importance est cruciale pour notre santé, mais c’est aussi l’une des parties de notre anatomie que la science connait le moins.

L’importance d’un plancher pelvien, aussi appelée périnée, tonique ne peut être ignorée par personne. Cet ensemble de muscles, de tissus et de ligaments dans la zone du petit bassin est crucial pour notre santé puisqu’il soutient les organes génitaux chez la femme, ainsi que l’anus, et la vessie chez l’homme et la femme. Personne ne sait pourtant réellement comment fonctionne cet élément crucial de notre anatomie.

Terra incognita

Selon Janis Miller, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Université du Michigan, c’est même là « l’une des dernières frontières de notre anatomie, un domaine aussi peu connu que notre cerveau. »

Si cette partie de notre anatomie est encore à ce point nimbée de mystère, elle le doit à sa complexité, un système unique fait d’organes de muscles et de nerfs qui sont fortement imbriqués, mais aussi à une bonne dose de sexisme. « Malheureusement, pendant de nombreux siècles, nous ne nous sommes uniquement souciés de l’anatomie masculine », explique Handa, professeur de gynécologie et d’obstétrique à l’Université Johns Hopkins, à la BBC. « L’anatomie féminine n’a longtemps été qu’une variante de son pendant masculin. La méconnaissance de cette région n’est qu’un exemple de plus du fait que la recherche se désintéresse depuis des siècles des problèmes qui touchent principalement les femmes », dit encore Lukacz, urogynécologue spécialisé dans les troubles du plancher pelvien chez les femmes à l’Université de Californie à San Diego.

Le plancher pelvien, l'un des derniers mystères de notre anatomie
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Un problème de santé d’autant plus sensible qu’il concerne un domaine intime qui demande de faire fi de toute pudibonderie. Autre élément encourageant le manque d’intérêt des scientifiques: si les problèmes pelviens peuvent être très handicapants, ils ne sont que très rarement mortels. Enfin, dernier point, cet ensemble est caché sous les os du bassin, ce qui le rend physiquement très difficilement accessible. Autant de raisons qui expliquent pourquoi cet élément si complexe et essentiel de notre anatomie est longtemps resté dans les limbes de la recherche scientifique.

Pas mortel, mais très fréquent tout de même

Si les problèmes liés aux planchers pelviens sont la plupart du temps légers, ils sont aussi très fréquents. Elles sont des millions de femmes à souffrir d’incontinence ou de ce qu’on appelle un prolapsus (une descente des organes que sont la vessie, le rectum, l’utérus ou encore le vagin). Ces organes descendent lorsque les ligaments internes et les muscles du périnée censé les soutenir sont distendus ou affaiblis. Cela peut se produire à l’occasion d’un accouchement difficile par voie basse, après une intervention chirurgicale, à la ménopause ou en cas d’obésité.

On estime que près d’un quart des femmes aux États-Unis ont un trouble du plancher pelvien – incontinence urinaire, prolapsus ou incontinence fécale. Une autre étude indique que 42% des femmes britanniques interrogées avaient une incontinence urinaire.

Il n’y a pas que les femmes âgées ou ayant subi un accouchement difficile qui en souffrent. Les athlètes sont aussi particulièrement touchées. Plus d’un tiers des athlètes étudiés avaient des fuites d’urine – parfois causées par un exercice intense qui exerce une pression sur le ventre.

L’incontinence urinaire dite d’effort – on urine lorsqu’on éternue, tousse, saute ou soulève quelque chose de lourd – peut cependant être traitée avec des exercices musculaires ou en évitant de trop boire. Il existe aussi des dispositifs médicaux que l’on peut placer dans le vagin. La chute d’organe peut, elle, être traitée par des exercices ou une chirurgie réparatrice qui remet les organes en place.

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La recherche dans ce domaine ont néanmoins fait des spectaculaires avancées ces dernières années, notamment grâce à l’utilisation de l’IRM pour détecter les blessures causées par l’accouchement. L’IRM a permis, par exemple, de mieux traiter les problèmes liés au releveur de l’anus, un muscle parfois déchiré lors de l’accouchement. On estime que cela se produit dans 13 à 36% des naissances par voie basse (des estimations plus prudentes parlent de 5 à 15%) et dans la plupart des cas la femme ne s’en rend même pas compte. Les procédures dans ce domaine étant souvent tellement standardisé qu’on arrive parfois à des situations absurdes où l’on demande à une femme de renforcer un muscle qui ne fonctionne plus.

Le plancher pelvien, l'un des derniers mystères de notre anatomie
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Une autre priorité pour les recherches est de trouver des moyens plus efficaces pour prévenir les problèmes avant qu’ils ne commencent et de déterminer exactement quelles sont les femmes les plus à risque. Tous les espoirs sont cependant permis puisque les recherches dans ce domaine en sont encore à leurs balbutiements. « Lorsqu’on sait que le coeur ou le diabète est étudié depuis 50, 100 ans, on sait qu’il y a une énorme la marge de progression. On s’attend à des découvertes capitales dans les 5 à 10 ans » dit encore Lukacz.

De façon plus prosaïque, il serait déjà bon de lutter contre une pruderie de mauvais aloi et de conscientiser les femmes et les jeunes femmes de l’importance de leur périnée. Par exemple, en apprenant aux filles à serrer les muscles de leur périnée lorsqu’elles toussent ou éternuent ou après avoir uriné. Cela leur permettra, par la suite, de se rendre compte plus rapidement qu’il y a un problème.

Voici une vidéo qui vous montre des exercices qui musclent votre périnée:

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Important pour l’homme aussi

Une perte de tonicité peut aussi être un problème pour les hommes puisqu’une altération du périnée peut conduire à une incontinence et à des troubles de l’érection et de l’éjaculation.

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