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La santé mentale des enfants en péril avec l’avènement du numérique ?

Stagiaire Le Vif

Jeux vidéo violents,  » sexting « , sites inappropriés : l’âge du numérique apporte, selon certains membres du parlement britannique, de nombreux dangers susceptibles de mettre en péril la santé mentale des enfants.

Un exemple donné à The Guardian par Sarah Wollaston, présidente du comité ayant effectué l’enquête, concerne l’intimidation chez les jeunes. Elle explique que, il y a encore quelques années, lorsqu’un enfant harcelait l’un de ses camarades, cela restait généralement cantonné dans le cadre de l’école. Dorénavant, avec les réseaux sociaux et tous les moyens de communication accessibles, ce harcèlement devient permanent, ce qui a pour effet d’augmenter de manière significative le stress chez certains jeunes.

Le comité apprécie grandement le fait que la sécurité sur le web sera bientôt enseignée dans les différentes écoles anglaises (tous niveaux d’éducation), mais espère que ces formations feront bien le lien entre la sécurité sur le net, le harcèlement en ligne (« cyberbullying »), le bien-être émotionnel et la santé mentale.

« Sexting«  et jeux vidéo violents, tous deux sources de danger

Un autre fléau dénoncé par le comité : le « sexting », qui consiste à envoyer à son conjoint une photo, parfois très intime, de soi. Très prisée par les adolescentes, cette pratique peut être très dangereuse, les photos pouvant se perdre (tout aussi bien de manière volontaire que de manière involontaire, comme l’ont démontré, à leur insu, certaines célébrités féminines au cour des derniers mois). Lorsque de telles photos circulent librement, c’est le cauchemar pour ces jeunes filles, souvent victimes de harcèlement par la suite. Le « sexting » est, selon Sarah Wollaston, beaucoup trop répandu, au sein des écoles notamment, et il est primordial de mettre en place des campagnes d’information quant aux dangers de cette mode.

Certains sites jugés inappropriés sont également dénoncés. Sarah Wollaston donne l’exemple des sites faisant l’apologie de l’anorexie, un fléau qui ne cesse de faire des victimes chez les ados.

Enfin, la présidente du comité a également fait part de son malaise par rapport aux jeux vidéo violents, et prie les parents d’être plus attentifs au contenu des jeux auxquels jouent les enfants.

Internet : source de stress mais outil possible

L’étude a été appuyée par différentes associations. Lucie Russel, directrice de campagne chez YoungMinds (organisme de bienfaisance oeuvrant à améliorer le bien-être émotionnel et la santé mentale chez les jeunes), atteste ainsi que « le monde en ligne 24/7 a le potentiel d’augmenter massivement le niveau de stress chez les jeunes », tout en « multipliant les possibilités pour ces jeunes de se connecter avec d’autres personnes avec des problèmes similaires ». Pour elle, les plateformes de blogging telles que Tumblr, doivent faire leur maximum pour empêcher la diffusion de contenu pouvant mener à des comportements d’automutilation.

Elle nuance néanmoins, en précisant qu’internet peut aussi être une plateforme de support pour les enfants et leurs familles, mais que de nombreux professionnels ne se sentent pas totalement à l’aise avec cet outil.

Pour voir un psychiatre, il faut parfois attenter à sa vie

Le comité pointe également le manque d’infrastructure pour pallier les éventuels problèmes. Si la santé mentale d’un enfant venait à être à mal à cause de ces médias, il n’est pas certain qu’il puisse être traité dans des conditions optimales. Des coupes budgétaires ont en effet touché le domaine et les différents services manquent cruellement de personnel et de matériel.

Le fléau financier est tel que, dans certaines régions, les enfants ne peuvent voir un psychiatre que s’ils ont déjà fait une premièe tentative de suicide.

Le comité regrette également que les conditions d’accès à de tels services aient été durcies, alors que la demande est plus forte d’année en année. Liz Myers, psychiatre consultante pour le Cornwall Partnership NHS, confirme cette affirmation, et précise que son service reçoit près de 4 000 demandes par an alors qu’il ne peut en traiter que 2 000, ce qui a pour effet de créer de l’attente pour de nombreux patients, une situation inacceptable pour la psychiatre.

Si le comité précise ne pas avoir trouvé de lien entre l’avènement de l’âge du numérique et l’augmentation du nombre d’enfants traités pour des problèmes mentaux, il espère que le gouvernement mènera une enquête plus approfondie sur le sujet.

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