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La chicha, pas si inoffensive…

Le Vif

Les bars à chicha se sont largement développés chez nous, et pendant vos vacances, vous pourriez aussi trouver dans votre hôtel une pièce pour fumer entre amis ce qui est appelé aussi narguilé, ou « pipe à eau ». Une appellation qui laisse croire qu’elle est bien inoffensive. Et pourtant…

La nocivité de la chicha a encore été mise en évidence dans une récente étude américaine, qui insiste également sur son fort caractère addictif et sur les risques de « tabagisme passif » qu’elle fait subir.

La chicha se compose de différentes parties. Tout d’abord la « douille » qui renferme du « tabamel », à savoir un mélange d’environ 30 % de tabac et de 70 % de mélasse, additionné de miel et de pulpe de fruits. Le tout est chauffé par du charbon, la fumée passant dans de l’eau dont les vapeurs sont aspirées par le fumeur par un bec au bout du tuyau.

Il existe une variante sans tabac : le shiazo, dont les émanations proviennent de pierres poreuses de stocker l’humidité, mélangées à de la mélasse et à des arômes divers, chauffées sur le charbon de la chicha.

Et enfin, tout comme pour la cigarette, une version « électronique » a été lancée, sous forme de « stylos » colorés, très attractive pour les jeunes : les e-chicha ou chicha-stylos. Dans ce cas, les émanations proviennent d’une vapeur d’eau aromatisée (sur le même principe que la e-cigarette) qui ne contient ni tabac, ni goudron ; certaines contiennent cependant de la nicotine et sont en vente libre.

Faux sentiment de sécurité Qu’elle soit électronique ou non, la chicha est trop souvent perçue comme inoffensive. Et pourtant : une séance de chicha (qui dure de 20 à 60 minutes), équivaut à fumer 2 paquets de cigarettes ! Des chercheurs ont prouvé que l’on y absorbait 1.7 fois plus de nicotine qu’avec des cigarettes, 6.5 fois plus de monoxyde de carbone (CO) et… 46.4 fois plus de goudrons ! De plus, les vapeurs contiennent différents types d’aldéhydes (formaldéhyde, acétaldéhyde, acroléine), ou encore de l’arsenic, du béryllium, du chrome, du cobalt, du plomb et du nickel. Le shiazo dégage du CO et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).

Quant à la chicha-stylo, elle dégage du propylène glycol, de la glycérine et de la triacétine, des substances que l’on retrouve dans les cigarettes.

Conséquences à long terme Selon le VIGEZ, le propylène glycol « cause de l’irritation aux voies respiratoires et aux yeux tant chez les fumeurs que les non-fumeurs. Lors de la combustion, il peut également se former des substances cancérigènes. On ne sait pas encore si ces effets se manifestent aussi lors de l’exposition à la fumée libérée pendant la consommation d’un stylo chicha. Une inconnue subsiste : quels effets ont toutes ces substances sur les poumons des enfants ? » Car ce sont bien des jeunes qui sont visés avec ces appareils…

Fumer la chicha, sous quelque forme que ce soit, ou le shiazo expose à des risques cardiovasculaires comparables à ceux provoqués par la cigarette. Les premières ajoutent une forte dépendance à la nicotine. À plus long terme, le risque de carcinome bronchique et de cancers des poumons, de la vessie ou de la bouche est aussi augmenté chez les fumeurs de pipes à eau. Les spécialistes du cancer tirent donc la sonnette d’alarme.

La Fondation contre le Cancer souligne par ailleurs que la chicha incite les jeunes à aller vers d’autres produits du tabac (environ 1 fumeur de chicha sur 5 aux USA passe au tabac), voire vers des substances telles que la marijuana. Avec toutes ces données, on peut se demander s’il est encore bien raisonnable de laisser ces bars à chicha ouvrir partout, et à tous ?

Par Carine Maillard

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