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L’obésité reste un problème de santé publique en Belgique

Le Vif

En 2013, 8.574 patients obèses ont réduit la taille de leur estomac grâce aux techniques de type « bypass », un chiffre en progression constante. Près d’un Belge sur deux est en surpoids et 1,4 sur dix souffre d’obésité.

La journée européenne de lutte contre l’obésité de samedi prochain est l’occasion de remettre ce fléau à l’avant-plan. L’obésité constitue une « maladie de société », rappelle Nathalie Collet, médecin au Centre de la nutrition du CHR de la Citadelle, à Liège.

Affection des pauvres dans les pays riches et des riches dans les pays pauvres, l’obésité concerne 500 millions de personnes dans le monde. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) parle d’épidémie et de problème de santé publique. Près de 3 millions d’adultes meurent chaque année à cause d’une surcharge pondérale. L’accumulation excessive de graisse favorise en outre le diabète, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers.

En Belgique, d’après les derniers chiffres disponibles (2008), plus de 20% des enfants entre 5 et 9 ans affichent déjà un indice de masse corporel (IMC) trop élevé. Ces chiffres ne cessent de grimper depuis 1997. Autre élément alarmant: les personnes les moins diplômées risquent 2,3 fois plus de devenir obèses que celles les plus éduquées.

Jeudi 15 mai, en prélude à la journée européenne de lutte contre l’obésité, le CHR de la Citadelle organisera des actions de sensibilisation à destination du grand public. Des stands d’information, de calcul de l’IMC et des parcours-santé seront notamment proposés aux visiteurs.

« Dans la plupart des cas, l’obésité est liée à des mauvais choix alimentaires et à un mode de vie trop sédentaire. Le stress et un manque de sommeil peuvent aussi être en cause », explique Nathalie Collet. Pour la nutritionniste, « c’est évident qu’il faut une politique de santé ». Il reste un important travail de prévention à accomplir, estime-t-elle, en particulier auprès des plus jeunes. « Il faudrait aussi favoriser l’accès aux activités sportives à moindre coût et impliquer l’industrie agro-alimentaire pour diminuer la teneur en graisse, sucre et sel des plats préparés. »

Lorsque l’obésité est installée, retrouver un poids sain s’avère très difficile, admet le médecin. De plus en plus de patients recourent à une intervention chirurgicale pour réduire la taille de leur estomac. D’après les chiffres de l’Inami, 8.574 obèses ont opté pour un « bypass gastrique » ou une technique équivalente en 2013, contre 8.173 en 2012 et moins de 1.000 en 2007. Cette opération ne constitue toutefois pas un remède miracle. « Le bypass peut aider, mais seul un changement de mode de vie est efficace à long terme », souligne Nathalie Collet.

Pour Jean-Paul Allonsius, l’ex-président de Bold (l’association belge de patients obèses -aujourd’hui disparue faute de moyens financiers-), les pouvoirs publics ne prennent pas le problème de l’obésité suffisamment à coeur. « L’Etat ne la considère toujours pas comme une maladie chronique. Il faut amener les gens vers la seule approche réellement efficace: le pluridisciplinaire. Mais de nombreux soins, comme la consultation d’un psychologue ou d’un diététicien, ne sont pas remboursés. On ne peut pas se contenter de dire aux gens de manger moins! « , dénonce-t-il. « Il faudrait aussi supprimer la TVA sur les légumes vendus en circuit court, pour que tout le monde puisse manger sainement », avance le militant.

Créée par des associations européennes de patients obèses, la journée européenne de lutte contre l’obésité a lieu en principe le troisième samedi du mois de mai. En Belgique, il n’existe plus d’association représentative des patients obèses.

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