© ThinkStock

Désintoxiquer sa maison, c’est tout bénéfice

Le Vif

Protéger la nature, votre santé et faire de substantielles économies. Autant de bonnes raisons pour passer au ménage bio.

Nettoyer pollue. Et ronge sérieusement votre capital santé. Certes, la mention ne figure pas sur les produits d’entretien. L’ennemi est sournois, il se dissimule dans les détails les plus inattendus. Produits décapants, dépoussiérants, désodorisants, détartrants, lustrants, adoucissants… On recense plus de 900 substances chimiques émises dans nos maisons, dont des tensioactifs, des parfums de synthèse, des phtalates, des colorants et autres adjuvants. Certains agissent comme des poisons lents, volatils, plusieurs jours après leur utilisation. Dans les pays riches, nous passons entre 80 et 90 % de notre temps à l’intérieur : l’air que nous y respirons nous intoxique trois à cinq fois plus que celui de l’extérieur.

Dans les produits vaisselle, on trouve des substances comme du triclosan, un antibactérien suspecté d’engendrer des nitrosamines, lesquelles sont classées cancérigènes par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’autres produits, comme les nettoyants pour four, cumulent de la soude caustique, des COV (composés organiques volatils) et des conservateurs. Hyperpuissants, ils s’avèrent aussi irritants pour les voies respiratoires, dangereux pour la peau et les yeux. Les produits pour les vitres ne sont pas en reste. Leur cocktail de phosphates, d’ammoniaque et de composés volatils, dont les éthers de glycol, pourrait être néfaste pour le sang, le foie et la reproduction. Les toxines se glissent dans les éponges, les torchons et les serviettes, traités au formaldéhyde, un gaz incolore et irritant…

Jusque dans l’assiette

Cette pollution domestique a des effets ravageurs sur la santé – et, partant, sur la consommation médicale et la sécurité sociale. On la soupçonne, en vrac, d’être cancérigène, reprotoxique, à l’origine de certaines maladies du foie, de provoquer asthme, urticaire, eczéma. L’impact environnemental de ces produits n’est pas non plus négligeable puisque des tuyaux de l’évier jusque dans les cours d’eau et les nappes phréatiques, leurs effets de perturbateur endocrinien ne sont plus seulement observés sur des amphibiens : ils s’accumulent aussi dans le corps des poissons qui, vaquant dans un court-bouillon d’oestrogènes, deviennent transsexuels. En Angleterre et au pays de Galles, cela a commencé dans les années 1990 avec les gardons, puis le phénomène a touché les gougeons, les daurades, les carpes et une espèce d’esturgeon. Vingt ans plus tard, malgré les avancées technologiques, ces molécules ne sont pas systématiquement éliminées par les stations d’épuration. Résultat : nous les retrouvons en bout de chaîne dans l’eau du robinet et dans l’assiette.

Les consommateurs ont-ils conscience de tous ces risques ? Appellations nébuleuses, étiquetages flous, listes d’ingrédients non exhaustives… Difficile de s’y retrouver, tant pour le consommateur que pour le législateur. Alors qu’il existe près de 100 000 substances chimiques autorisées sur le marché européen et qu’à ce jour, seuls les effets de 3 000 d’entre elles ont été étudiés. Existe-t-il une relation entre ces produits chimiques, désormais présents partout, et la multiplication des cancers ? Les industriels de la chimie refusent ce lien. Mais en vingt ans, le nombre des cancers du sein, chez les femmes, a doublé. Celui des cancers de la prostate a triplé, voire quadruplé. Et il y a un précédent. Pendant des décennies, d’autres industriels ont, de la même façon, minimisé les dangers de l’amiante, une fibre cancérigène qui tue actuellement 700 à 800 personnes en Belgique chaque année. On sait aujourd’hui que de petites quantités de poison peuvent avoir des conséquences néfastes à long terme. Un danger d’autant plus évitable qu’il existe des alternatives naturelles saines, efficaces et nettement plus économes.

Rafal Naczyk

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire