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Courir, c’est comme fumer un joint

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Courir procurerait les mêmes sensations que lors de la consommation de cannabis, c’est la conclusion surprenante d’une nouvelle étude.

« L’euphorie », ou « l’extase » du runneur, the « runner’s high » en anglais, l’analogie est maintenant courante entre la pratique (modérée à intensive) de la course à pied et un effet euphorisant créé par une drogue, et en l’occurrence, le cannabis.

Une nouvelle étude de la revue scientifique Eos révèle que cet état de bonheur que la plupart des coureurs ressentent après une sortie plus ou moins longue n’est en fait pas créé par les endorphines comme on le pensait jusqu’à présent. En réalité, et c’est assez surprenant, cette « extase » provient de la libération dans l’organisme d’une dose élevée d’endocannabinoïdes, des substances euphorisantes que l’organisme humain sécrète lui-même et qui ont le même effet que la marijuana.

Jusqu’à présent, les scientifiques supposaient que cet état de bien-être provenait des endorphines, aussi connues sour le nom d’endomorphines. Ces substances sont produites par l’hypophyse et l’hypothalamus en cas d’efforts intensifs et de longue durée. Elles ressemblent aux opiacés par leur capacité analgésique et à procurer une sensation de bien-être. Mais apparemment, ces endorphines n’arriveraient pas à franchir la barrière du sang pour y diffuser cette sensation planante.

Moins de stress

Les chercheurs de l’université de Hambourg et d’Heidelberg se sont donc demandés comment cet état d’euphorie était provoqué chez le coureur. Il ont laissé courir un groupe de 5 souris dans une roue. Ils ont alors découvert une dose plus élevée d’endocannabinoïdes dans leur cerveau par rapport à celles qui ne couraient pas. Ces substances sécrétées par leur organisme influençaient à leur tour le neurotransmetteur dit anandamide qui joue un rôle important sur la mémoire et en cas de douleur et de dépression.

Les groupes de souris ont alors subi des tests de tolérance à la douleur et à l’angoisse en courant dans le noir. Les souris qui avaient couru pendant 5 heures semblaient moins stressées et paraissaient mieux tolérer la douleur. Les chercheurs ont ensuite bloqué la libération des endocannabinoïdes dans le cerveau des souris, elles se sont alors montrées aussi angoissées et ressentaient les mêmes douleurs que celles qui ne couraient pas.

Les chercheurs ont aussi comparé un groupe de souris avec un autre échantillon qui n’avait pas une haute dose d’endorphines libérée dans leur corps. Leur conclusion: les deux groupes avaient le même comportement, signe que les endorphines ne rendaient pas un groupe de souris mieux que l’autre.

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