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Comment reconnaître un véritable paranoïaque ?

Muriel Lefevre

Le terme paranoïaque est rentré dans le langage courant. Or derrière ce terme se cache une vraie maladie psychiatrique. Comment différencier l’ami ou le collègue un peu trop suspicieux du véritable paranoïaque ? Voici quelques pistes.

Si on a parfois l’impression que l’on est entouré de paranos, les vrais paranoïaques ne représentent en réalité que 0,5 à 2,5 % de la population et beaucoup sont dans un hôpital psychiatrique, car il est très difficile de les traiter en dehors d’un contexte d’internement. On ne risque donc pas d’en rencontrer beaucoup, et ceux qui vous entourent sont souvent à placer dans la catégorie de gens qui manquent simplement de confiance en eux et qui on tendance à se sentir victimes. Bien loin du cas pathologique, donc.

« A côté de l’esprit »

Utilisé pour la première fois par Richard von Krafft-Ebbing, avant d’être développé par Emil Kraepelin à la fin du XIXe siècle en Allemagne, le terme de paranoïa vient du grec παρ?-ν?ος, qui signifie « à côté de l’esprit ». Ceux qui souffrent réellement de paranoïa subissent un trouble de la personnalité ou une psychose qui peut mener à un état délirant qui se structure généralement à l’âge de 40 ans autour d’une idée de persécution. La psychose peut être aggravée par la consommation d’alcool.

Comme le précise le psychanalyste et psychothérapeute Pascal Neveu dans l’Express, « un paranoïaque se caractérise par un « moi » fragilisé et nourrit des fantasmes sur un objet extérieur, qu’il considère comme dangereux pour lui-même. Il a l’impression qu’on lui en veut, qu’on le trompe, qu’on a l’intention de lui nuire ou de le manipuler. Des angoisses qui peuvent aller jusqu’au délire. »

Il est à noter que le délire paranoïaque s’oppose au délire paranoïde typique de la schizophrénie, car il est mieux construit, plus crédible et donc plus difficile à diagnostiquer. Plus troublant, le discours délirant des paranoïaques étant souvent d’une grande cohérence, ils conservent longtemps le soutien et même l’adhésion de leur entourage qui peut se retrouver  » contaminé » par le délire.

Le paranoïaque est également incapable de se remettre en question et donc impossible à raisonner. Il est aussi souvent très orgueilleux ou égoïste, d’une grande rigidité, obstiné, susceptible et impulsif. Dans l’impossibilité de prendre du recul avec ce qu’elle pense être une persécution, la personne paranoïaque peut devenir agressive et, dans les cas les plus graves, dangereuse pour elle-même et pour autrui. Ce trouble est par ailleurs souvent accompagné d’un sentiment de toute-puissance, voire de mégalomanie, qui peut pousser le paranoïaque à viser des postes à responsabilité ou à chercher à prendre le contrôle sur les autres. « Il semble que beaucoup de dictateur ou de gourous étaient de grands paranoïaques » suggère également Pascal Neveu, toujours dans l’Express.

D’autres signes qui devraient inquiéter l’entourage sont un penchant procédurier ou une tendance à la revendication à outrance. Les personnes qui multiplient les réclamations et les plaintes devraient également éveiller le doute. De même que ceux qui sont absolument convaincus de la théorie du complot. Ou encore ceux qui souffrent d’une jalousie maladive irrationnelle.

Si le délire peut être affaibli suite à un suivi spécialisé, il ne disparaîtra jamais complètement pour autant.

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