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Comment devenir « remarquable » ?

Le Vif

Transformer sa vie, donner du corps à ses rêves, connaître des succès… Ce défi est à la portée de tout le monde. Il suffit d’appliquer les recettes des personnalités hors du commun.

Pourquoi certaines personnes sont-elles dotées de pouvoir, riches, heureuses et en bonne santé ? Pourquoi d’autres réussissent-elles mieux ? Existe-t-il des traits caractéristiques ou des points communs qui contribuent à leurs réussites époustouflantes ? Si oui, lesquels ? « Depuis plusieurs années, je m’intéresse de très près aux voies suivies par des personnalités hors du commun, raconte Fred Colantonio, criminologue de formation, conférencier passionné par l’attitude gagnante et auteur d’Inspiration, premier volet de la trilogie L’Attitude des héros. Au début, je croyais que la réussite était en relation avec les aptitudes exceptionnelles d’origine génétique ou encore avec un destin tout tracé, influencé par l’histoire familiale. Je me suis mis à étudier et à analyser à fond les biographies des personnes qui ont réussi et je me suis rendu compte que le succès est dû à l’état d’esprit, à la mentalité et à la perception du monde. Les parcours se recoupent, ils sont jalonnés de mêmes étapes et de mêmes points de passage. Les personnes qui sont parvenues à réaliser des choses merveilleuses ont pris leur vie en main et ont su la gérer intelligemment et efficacement. Elles se sont construites. »

Tout est dans l’imitation

La réussite est donc une question de comportement. Et d’action. Réussir, c’est modifier ce qu’on pense de soi-même, mais aussi ce qu’on fait de sa vie. Une fois qu’on a choisi de percevoir sa vie d’une certaine façon, il faut adapter ses réactions mentales et ses actes qui peuvent être contrôlés de façon inimaginable. Le meilleur moyen d’y parvenir s’appelle l’imitation. Nous avons besoin de modèles. Si quelqu’un a réussi à faire une chose, chacun de nous est capable d’en faire autant. L’histoire des personnalités hors du commun est avant tout celle des êtres humains. Il suffirait donc de les observer, d’analyser les actions spécifiques qui leur ont permis d’atteindre les objectifs puis de les suivre et les reproduire, étape par étape, pour arriver aux résultats que l’on cherche à reproduire.

Fred Colantonio propose comme modèles Steve Jobs (Apple), Richard Branson (Virgin) et la journaliste star américaine Oprah Winfrey. Trois personnalités issues du monde des affaires qu’il appelle des « héros ». On peut certes objecter que dans notre société encline à l’égocentrisme et à l’individualisme, le terme de « héros » semble devenu obsolète et ne parle plus à tout le monde.

On peut aussi contester le choix des personnes sélectionnées qui n’ont rien d’ « héroïque » au sens noble du terme. Leur succès, purement économique, ne donne pas envie aux uns et aux autres de vouloir s’y identifier. « Ce choix est tout à fait subjectif mais je l’assume parfaitement, argumente Fred Colantonio. Chacun est libre de les apprécier ou non en tant que personne mais il est impossible de nier ou remettre en question leur réussite incontestée et incontestable et le rayonnement planétaire de leur notoriété. Pour moi, ce sont des héros dans la mesure où ces personnes tiennent le rôle principal de leur vie, sont acteurs de leur histoire. L’argent n’a pas été le moteur principal de leur réussite. Elles l’ont construite et ont bâti leur succès au fil des jours. J’ai écrit ce livre pour que chacun puisse passer à l’action et laisser une trace. Aujourd’hui, le héros peut être quelqu’un qui est sous les projecteurs, mais aussi un héros du quotidien, qui rayonne auprès d’au moins une personne. Etre le héros de quelqu’un, c’est apporter un rayon de lumière dans la grisaille. Les héros nous font du bien car, tous, ils démontrent et confirment que c’est grâce aux autres qu’on réussit. Tout seul, je vais vite, avec les autres je vais loin. »

Les six attributs des héros

La réussite est une alchimie reposant sur la réunion de six caractéristiques fondamentales qui mènent à l’obtention des résultats. La première tient à l’humilité. Le héros accepte ce qui lui arrive. Il sait d’où il vient et tire des leçons de ses erreurs. Chaque revers contient l’amorce d’un avantage équivalent ou supérieur. A 30 ans, Steve Jobs dirige Apple, une entreprise florissante qui pèse deux milliards de dollars et emploie 4 000 personnes. Il se croit à l’abri de tout danger et pourtant son conseil d’administration le licencie de la société qu’il a créée. Il encaisse l’échec, recolle les morceaux et rebondit.

Deuxième caractéristique majeure : unité/unicité. Unifier son existence, lui donner une cohérence et un sens, être conscient de ses forces, sont les moyens les plus sûrs de réussir. « Parallèlement, le héros doit cultiver son unicité, à savoir être singulier et se démarquer des autres, sans manifester la moindre prétention, bien entendu », rappelle Fred Colantonio.

La troisième caractéristique est désignée sous le terme miroir. « Se regarder dans la glace » signifie que le héros s’écoute mais écoute aussi les autres. Ouvert à la critique constructive, il l’accepte, n’hésite pas à prendre du recul et à se remettre en question.

L’adaptation, la quatrième caractéristique, découle directement de la précédente. Pour évoluer et avancer, il faut se montrer souple et flexible, s’adapter sans cesse à l’environnement et aux circonstances. Prenons comme exemple Virgin Records qui, au début, vendait de la musique par correspondance. Lorsque la poste britannique a annoncé une grève massive, Richard Branson s’est vu confronté au risque d’une faillite. Décidé à transformer ce coup du sort en opportunité, il a loué un local qu’il a transformé en magasin. Les Virgin Mega-stores ont connu par la suite une belle carrière planétaire. « La résistance au changement est profondément ancrée chez la plupart des gens et on a du mal à quitter sa zone de confort, déplore Fred Colantonio. Cela dit, s’entraîner à adopter une attitude flexible, c’est possible. »

En cinquième lieu vient le pouvoir de l’intuition. Ecouter « sa petite voix intérieure », se fier à son ressenti et à son instinct : rien de tel pour agir toujours efficacement et aboutir à des résultats remarquables. Richard Branson a dit un jour : « J’ai créé et fait évoluer Virgin avec mes tripes, sans chercher à l’expliquer de manière rationnelle. Je n’en vois pas l’utilité. »

Le sixième et dernier attribut concerne la naïveté. Les personnes qui réussissent ont tendance à considérer les défis avec une certaine forme d’insouciance et de candeur. Elles y voient la possibilité de s’épanouir et d’explorer de nouvelles voies en y mettant la même curiosité et le même enthousiasme que dans un jeu, par exemple. Bref, il ne faut pas hésiter à réveiller l’enfant qui sommeille en chacun de nous !

Le chemin vers l’excellence

Ces six attributs sont la boussole qui guide vers le but et promet de l’atteindre. Ils ne sont pas suffisants. Les personnes qui désirent parvenir au sommet de la réussite doivent suivre « un processus héroïque » où se succèdent trois étapes obligatoires. La première s’appelle la conscientisation. Cette prise de conscience peut aussi être nommée « déclic » ou « appel ». Elle s’accompagne d’un besoin impératif de changement. On se rend compte que le temps est limité et qu’il vaut mieux vivre sa vie pleinement, « ici et maintenant ».

Ce déclic, quand il est bien compris et accepté, jette l’individu sur le chemin, autrement dit dans l’action. Pour obtenir des résultats, il est nécessaire d’agir. Quand on regarde de plus près ceux qui connaissent un succès exceptionnel, on s’aperçoit qu’ils ont tous un point commun : ils savent se mettre en état d’agir. Ce talent est à la portée de tout le monde. Prenons l’exemple de Steve Jobs.

D’autres connaissaient l’informatique aussi bien si pas mieux que lui. Mais, lui, il a su agir et a transformé notre rapport avec le monde. Le chemin est bien évidemment jalonné d’échecs. Or, on dirait que nous sommes programmés pour en avoir peur. En Europe, en tout cas. Aux Etats-Unis, on ne parle jamais d’échec, mais de résultat ou d’une étape dans le parcours. Le chemin n’a rien à voir avec « la solitude d’un coureur de fond ». Les personnes qui accèdent à l’excellence ont en commun cette extraordinaire capacité d’entrer en relation avec les gens. Pour réussir, il faut avoir l’esprit d’équipe, se lier aux autres et pratiquer le réseautage.
La concrétisation est la troisième et dernière étape du processus.

Elle signifie que la transformation a eu lieu. La personne, devenue « remarquable », assume son nouveau statut et est prête à le partager avec d’autres. Car on doit rendre ce que l’on a reçu.
La réussite, c’est donc le processus par lequel on s’efforce de devenir « plus ». C’est la possibilité de se développer sur le plan affectif, social, spirituel, psychologique, intellectuel et matériel, tout en apportant quelque chose de positif aux autres. La route qui mène à la réussite est toujours en construction. C’est un parcours progressif, non un but final à atteindre. Une détermination inoxydable, donc. Envers et contre toutes les épreuves.

BARBARA WITKOWSKA

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