Fabian Hermans, président de la Fédération Horeca de Bruxelles. © DR

« L’Horeca a toujours besoin d’un soutien fort »

Pour Fabian Hermans, président de la Fédération Horeca Bruxelles, il est crucial de prolonger les mesures de soutien fédérales et régionales pour le secteur, qui accuse encore des pertes de plus de 70% du chiffre d’affaires.

Comment se porte aujourd’hui le secteur Horeca à Bruxelles?

Il ne va pas bien du tout. En ce qui concerne les aides, nous sommes un peu le parent pauvre du pays. Le gouvernement bruxellois a confirmé l’octroi d’une nouvelle aide pour septembre, et elle sera bien nécessaire. Depuis la réouverture de l’Horeca le 8 mai dernier, la météo a été pourrie. Nos terrasses ne sont pas remplies et nos établissements sont toujours le verre à trois quart vide. Malheureusement, on sait que le tourisme, et en particulier le tourisme d’affaires, ne reviendront pas avant 2022, c’est une certitude. Dans le centre historique bruxellois, la perte de chiffre d’affaires est toujours de plus de 70% pour nos établissements. Dans les quartiers européens par exemple, la baisse est de 60 à 65%, vu que les repas de midi ne fonctionnent pas.

A Bruxelles, nous devons sauver trente mille salariés.

Certains types d’établissements s’en sortent-ils mieux que d’autres, notamment ceux tournés davantage vers les Bruxellois?

Certains, effectivement, tirent leur épingle du jeu. Mais avec la période des vacances, les Bruxellois sont partis. Aujourd’hui, on essaie donc de relancer une machine avec des absents. On en a récemment parlé avec le ministre fédéral de l’Emploi (NDLR: Pierre-Yves Dermagne, PS), il est prévu que le télétravail soit la norme. Pour nous, il doit rester une possibilité, et non devenir une norme. Au risque de tuer beaucoup de nos petits établissements.

Faut-il dès lors prolonger les mesures fédérales de soutien?

Nous avons déjà battu le terrain en ce sens. Nous avons rencontré le ministre David Clarinval (NDLR: en charge des Indépendants et des PME, MR), à qui on a demandé la prolongation du droit passerelle et d’autres mesures de soutien pour le secteur. Nous avons fait la même demande à Pierre-Yves Dermagne. Tous deux le comprennent très bien. Dans quelques semaines, les primes de fin d’année devront être versées. Mais nous avons été fermés six mois. Comment va-t-on les payer?

La porte semble donc ouverte pour prolonger les aides, surtout pour l’Horeca bruxellois.

Oui, mais je dirais pour tout l’Horeca. En Flandre, la côte, ou plutôt la digue fonctionne, là où se trouve la foule. Mais à Bruges, c’est aussi mort que dans la capitale. Idem à Courtrai. Ces gens souffrent autant que les Bruxellois. En Wallonie, les Fagnes ont certes bien fonctionné, tout comme le Sud-Luxembourg. Mais il s’agit de quelques journées, et on n’y a pas vu le public hollandais.

Est-ce donc l’addition des mesures actuelles de soutien qui permet d’éviter des faillites plus nombreuses dans l’Horeca?

Tout à fait. Si les aides s’arrêtaient fin septembre, ce serait l’effet domino. La baisse de la TVA doit aussi persister. Les prix des marchandises et des matières premières se sont envolés, ce que nos entrepreneurs refusent de répercuter sur leur clientèle. La baisse de la TVA permettra de laisser un peu de trésorerie dans les caisses.

Le maintien du chômage temporaire dû au coronavirus est-il lui aussi nécessaire?

Que dire à nos boîtes de nuit, à nos traiteurs? Il faut savoir que le milieu de la nuit représente un gros pourcentage de la masse salariale de notre secteur à Bruxelles. Les hôtels également, dont les finances sont dans un état postatomique. Les entreprises qui ont redémarré ne demandent plus le chômage temporaire. Mais il faut garder ce soutien pour certains secteurs, dont l’Horeca. A Bruxelles, nous devons sauver trente mille salariés.

Or, l’Horeca manque de personnel pour rouvrir dans de meilleures conditions…

Il faut trouver des mécanismes pour l’attirer à nouveau. Aujourd’hui, pour le même salaire, vous trouverez un emploi dans la grande distribution avec des horaires plus stables. Avec les syndicats, nous devons trouver une manière de convaincre le gouvernement pour que nos salariés soient bien mieux valorisés.

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