Dynamite groenlandaise

Trop rares sont les occasions de lire des romans venus tout droit du Groenland. Celui-ci est porté par un feu brûlant, une sensualité brute et électrique. C’est un bâton de dynamite lancé par une jeune auteure de 28 ans originaire de la bourgade de Nanortalik, dans le sud des terres arctiques. Son roman, qui a eu les honneurs d’une longue recension dans le New Yorker, a d’abord été écrit en kalaallisut (la langue officielle du Groenland) avant d’être traduit en danois. Furieusement moderne, il raconte l’histoire d’un coming out, puis se mue en un récit choral : sur fond de nuits de fêtes et de gueules de bois, cinq jeunes hommes et femmes questionnent et transforment leurs identités amoureuses et sexuelles. Nous voilà projetés à des années-lumière des images d’Epinal, sur une île suffocante, empêtrée dans ses tabous, parcourue de vives tensions politiques et sociales. Fiévreuse et combattante, la jeunesse du Grand Nord pousse un cri à travers la voix de Niviaq Korneliussen. C’est parfois un brin maniéré (notamment à cause de nombreuses phrases en anglais), mais c’est aussi très réussi. Quelque part entre Christine Angot et Virginie Despentes.

Homo Sapienne, par Niviaq Korneliussen, trad. du danois (Groenland) par Inès Jorgensen, La Peuplade, 232 p.

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