Nuuk (capitale du Groenland) © REUTERS

Le Groenland, seul pays (pour le moment) à avoir quitté l’UE

Stagiaire Le Vif

Pays constitutif du Royaume du Danemark, le Groenland avait décidé de quitter la Communauté économique européenne (l’ancêtre de l’Union Européenne) dès 1982. Plus de trente-ans après son départ, les avis concernant la position vis-à-vis de l’UE divergent au sein du pays, dont l’économie repose en immense partie sur la pêche.

L’exemple du Groenland constitue, à ce jour, le seul antécédent en matière de sortie du traité de Rome. En effet, malgré l’adhésion du Danemark à la Communauté, en 1973, le Groenland a toujours été en défaveur de celle-ci. Cette immense île a très vite souhaité s’extraire de la CEE. Le refus d’adhésion du Groenland marqua aussi le début d’une marche vers l’indépendance qui en est depuis 2009 au stade avancé d’autonomie renforcée au sein du Royaume de Danemark.

En 1982, un référendum est organisé pour savoir si le pays reste ou non au sein de la CEE. Avec une participation record de 74,9%, les électeurs groenlandais ont décidé à 53% de quitter le Marché commun, notamment en raison d’inquiétudes liées à la pêche. A l’époque, l’industrie avait craint d’être confrontée à la concurrence des pêcheurs des pays d’Europe dans les eaux territoriales groenlandaises.

Toujours lié économiquement à l’EU

Actuellement, le pays bénéficie du statut de PTOM (pays et territoire d’outre-mer). Contrairement aux régions ultrapériphériques tels que les départements d’outre-mer (DOM) français, ces PTOM ne font pas partie de l’UE et à ce titre, le droit communautaire ne leur est pas applicable. Le Groenland reste cependant l’un des PTOM les plus stratégiques pour l’Union Européenne. Ils ont d’ailleurs un accord de partenariat couvrant la période 2014-2020 avec notamment 30 millions d’euros annuels destinés au secteur éducatif groenlandais. Le Groenland bénéficie aussi d’un accord de libre-échange avec l’UE. Plus de trois décennies après le retrait du Groenland de la Communauté européenne, c’est le Royaume-Uni qui organise ce jeudi 23 juin un référendum pour décider de rester dans l’Union Européenne ou de la quitter. Alors que le résultat ne sera connu que demain, un point commun entre les deux pays saute aux yeux : ces deux îles de l’Atlantique sont tournées vers l’Amérique.

Pour ou contre revenir dans l’UE, les avis sont partagés

Pour autant, au coeur des larges terres du Groenland, quand certains ne regrettent en aucun cas la sortie du pays de l’UE, d’autres souhaiteraient de nouveau une adhésion au sein de l’Union.

Michael Rosing, député du Parti démocrate au Groenland, déplore que l’économie locale soit toujours largement dominée par la pêche (qui représente 90% de ses exportations), rapporte Reuters. Le député souhaite que le pays diversifie son économie au vu des trésors que renferme le territoire autonome danois : diamants, or, cuivre, uranium d’aluminium, titane et peut-être même du pétrole.

Mais les conditions d’exportation sont difficiles et ces richesses attirent surtout des compagnies étrangères venues de Chine, du Canada ou encore d’Australie. Michael Rosing pense qu’une adhésion à l’UE permettrait au pays de réaliser cette ambition, en favorisant les investissements dans le domaine des infrastructures des ports et des aéroports, par exemple.

Cet avis n’est cependant pas partagé par tout le monde. Alors que le journal conservateur britannique, le Daily Mail, titrait en mars « Le Groenland ne regrette rien », le porte-parole du Premier-ministre Groenlandais, Soren Hald Moller, déclarait lui, dans Sputnik : « Il n’y a actuellement aucun plan prévu par le gouvernement concernant la possibilité de rejoindre l’Union Européenne ». Selon Kim Kielsen, le Premier ministre, le pays peut se bâtir une économie forte, en toute autonomie, y compris du Danemark, en se fondant sur l’expansion de l’économie dans les secteurs tels que les mines, l’industrie et le tourisme.

Bien que plus proche géographiquement de l’Amérique que de l’Europe, le petit pays de 56 000 habitants, trente ans après son départ de l’UE, reste encore lié à la Communauté Européenne. Reste à savoir si le Royaume-Uni suivra la même direction.

Par F. Ca.

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