Vive tension à Jérusalem après l’attaque meurtrière
Des Palestiniens ont tué mardi quatre Israéliens dans une synagogue de Jérusalem, l’attaque la plus meurtrière depuis plusieurs années dans la Ville sainte, faisant redouter que le conflit israélo-palestinien ne prenne une dangereuse dimension confessionnelle.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a aussitôt averti qu’il répondrait avec « une main de fer » à cette « vague terroriste s’abattant sur Jérusalem », ordonnant la démolition des maisons des assaillants, deux cousins de Jérusalem-Est qui ont attaqué, armés de hachoirs et d’un pistolet, au moment de la prière du matin. M. Netanyahu et plusieurs de ses ministres ont violemment pris à parti le président palestinien Mahmoud Abbas qui a sans tarder condamné l’attentat, lui faisant porter une responsabilité « directe » dans cette attaque, la première contre un lieu de culte juif à Jérusalem et la plus meurtrière depuis 2008.
Elle s’est produite peu avant 07H00 (05H00 GMT) dans une synagogue du quartier de Har Nof, à Jérusalem-Ouest, considéré comme un bastion du Shass, un parti ultra-orthodoxe. Après l’entrée de Oudaï et Ghassan Abou Jamal, « des coups de feu ont éclaté et un des fidèles est sorti du bâtiment en criant +il y a un massacre+ », a rapporté un témoin. Les deux jeunes Palestiniens, pères de plusieurs enfants, ont été abattus par la police. Dix membres de leur famille ont été arrêtés alors que leur quartier, en proie à des heurts, est désormais bouclé par la police. Trois de leurs quatre victimes avaient la double nationalité israélo-américaine et le dernier israélo-britannique. Huit personnes ont été blessées, dont une se trouvait dans un état critique tandis que trois autres étaient sérieusement atteintes. La mort de quatre juifs dans un lieu de culte vient jeter de l’huile sur le feu alors que les tensions sont déjà vives dans la Ville sainte, notamment autour du site très sensible de l’esplanade des Mosquées, où des extrémistes juifs ont récemment intensifié leur campagne pour y obtenir le droit de prier. Cette attaque a également généré des violences en Cisjordanie occupée, où des colons israéliens ont attaqué une école près de Naplouse, dans le nord, et jeté des pierres sur les automobilistes palestiniens près d’Hébron, dans le sud.
Dans ce contexte houleux, le ministre de la Sécurité Intérieure israélien Yitzhak Aharonovich a décidé de faciliter la possibilité pour les militaires et les « gardiens d’école ou de jardins d’enfant » de conserver leurs armes en dehors de leur service. Les experts estiment que privilégier le tout-répressif pourrait aggraver un contexte déjà explosif à Jérusalem, mais en soirée 300 membres de l’extrême-droite ont manifesté pour réclamer encore plus de fermeté contre les assaillants.
Le président américain Barack Obama a appelé Israéliens et Palestiniens à « coopérer pour apaiser les tensions » après l' »horrible attaque ». Son chef de la diplomatie John Kerry avait téléphoné à M. Netanyahu et M. Abbas aussitôt après l’attaque. De leur côté, les deux principaux mouvements islamistes palestiniens, le Hamas et le Jihad islamique, ont salué l’attaque qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat et appelé à « poursuivre les opérations ».
L’attentat est intervenu au surlendemain de ce que les Palestiniens ont dénoncé comme un « crime raciste », celui d’un chauffeur de bus palestinien, Youssef Ramouni, retrouvé pendu dans son dépôt de Jérusalem-Ouest dimanche soir. La médecine légale israélienne a conclu à un suicide, une version contestée par un médecin légiste palestinien. Depuis la découverte du corps, la Ville sainte, agitée par des violences depuis l’été, était encore un peu plus sous tension. M. Abbas, qui doit prochainement demander au Conseil de sécurité de l’ONU un calendrier pour la fin de l’occupation des Territoires palestiniens, a répété mardi que « l’occupation est la cause des tensions ». Le coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a appelé « toutes les parties à (…) éviter une nouvelle escalade ». Moscou a appelé Israéliens et Palestiniens à « réfréner les extrémistes ».