Zainab Bangura, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur la violence sexuelle commise en période de conflits © REUTERS

Violences sexuelles commises par l’EI : du jamais-vu dans l’histoire de la guerre

Le Vif

Zainab Bangura est une femme politique sierra-léonaise. Depuis 2012, elle est la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour les dossiers de la violence sexuelle commise en période de conflits. Le site québécois Le Soleil publie son témoignage sur les horreurs subies par les femmes dans les pays où l’EI sème la terreur.

Cet été, Zainab Bangura s’est exprimée lors d’une table ronde organisée à l’occasion de son passage à Québec. La femme politique sierra-léonaise, actuellement représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies sur la violence sexuelle commise en période de conflits, raconte comment les hommes du groupe EI « ont institutionnalisé » la façon dont ils violent les femmes. «  Cela va des marchés publics où les femmes sont exposées nues à une liste de prix établie en fonction de leur âge en passant par un guide sur comment s’occuper des esclaves sexuels. « 

« Dans tous les pays où j’ai eu à confronter les dirigeants sur les crimes sexuels commis dans leur pays, il y a une culture très ancrée de déni et de silence. Mais l’EI aime parler de ses atrocités et c’est pourquoi c’est un ennemi redoutable », explique-t-elle.

Les histoires que Zainab Bangura rapporte font glacer le sang. Comme celle d’une jeune femme qui a été revendue à 22 reprises et recousue à chaque fois pour simuler une virginité. Ou encore, cette femme enceinte de deux mois qui a été enlevée et qu’on a forcé à avorter avec les moyens du bord pour l’empêcher d’avoir un descendant « infidèle ».

« Mais ça n’a rien à voir avec l’islam! »

« Elles sont violées à répétition et harcelées parce que leurs bourreaux souhaitent qu’elles procréent. Ils veulent des enfants reproduits sur leur modèle puisque c’est de cette façon qu’ils réussiront à construire leur État », explique Bangura au site québécois. Les esclaves sexuelles des combattants de l’EI qui réussissent à s’enfuir mettent au monde des enfants apatrides puisque de nombreux États ne reconnaissent les naissances que par l’intermédiaire du père. « Des dizaines de milliers de bébés se retrouvent sans papiers. C’est un immense problème que nous essayons de résoudre en mettant en branle des réformes législatives« , déplore l’experte.

Le problème de la violence sexuelle commise contre les femmes en temps de conflit est d’autant plus difficile à résoudre, dénonce par ailleurs Zainab Bangura, que les membres du groupe armé EI se servent de la religion pour perpétrer leurs horreurs. « Mais ça n’a rien à voir avec l’islam! » s’exclame-t-elle. « Les dirigeants du l’EI ont compris que la meilleure façon de déshumaniser une société, c’est de s’en prendre aux femmes et aux enfants, renchérit-elle. Ils savent qu’aucun homme ne va pardonner à quelqu’un qui a violé sa douce moitié ou sa progéniture. Cela rend la réconciliation impossible et c’est voulu« . Pour un enfant de 1 à 9 ans, l’EI fixe le prix à 150 000 dinars (environ 120 dollars), une femme dans la quarantaine « se monnaie » 40 dollars.

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