Vian Dakhil © Reuters

Vian Dakhil rachète, une à une, les esclaves sexuelles de l’Etat islamique

Le Vif

Députée irakienne et Yézidie, Vian Dakhil tente de sauver, une par une, les femmes de sa communauté mise en esclavage en les rachetant à leurs bourreaux.

En août 2014, des Yézidis, une minorité religieuse kurdophone qui remonterait à plus de 4 700 ans avant Jésus-Christ, se font massacrer par les djihadistes de l’Etat islamique qui envahissent le mont Sinjar. Très vite des rumeurs de massacre de ceux que Daesch considère comme des infidèles remontent jusqu’à Bagdad, où Vian Dakhil lance l’alerte.

De nombreuses femmes Yézidis alertent en effet la députée irakienne Vian Dakhil. « Pendant ma campagne électorale, j’avais souvent donné mon numéro de portable aux femmes. J’avais promis que je serais toujours là pour elles. Elles s’en étaient souvenues. » dit-elle dans Le Monde.

Très impliquée, elle va remuer ciel et terre pour venir en aide à ces femmes. Elle ira jusqu’à supplier le président irakien lors d’une séance émouvante au parlement .

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« Il fallait absolument donner l’exemple et je ne pouvais rester les bras croisés au parlement en pleurant, pendant que mon peuple se faisait exterminer » dit-elle dans le journal suisse Le Temps.

À partir du 7 août 2014, les renforts arrivent dans la région. Trop tard pour des milliers d’hommes qui ont disparu et dont on ne retrouvera que quelques corps, et près de 5840 femmes et enfants qui ont été kidnappés.

L’hypothèse du kidnapping surprend tant l’EI prône ouvertement l’éradication pure et simple de ceux qu’il considère comme des infidèles. Peu comprenait pourquoi les djihadistes cherchaient à s’embarrasser de prisonnières, jusqu’à ce que Vian reçoive un appel d’une jeune fille de Mossoul. Elle se trouve au milieu de centaines d’autres femmes. Un peu plus tard un autre appel précise que les « hommes de Daesch viennent se servir ». Des récits corroborés par de nombreux autres. Les hommes de Daech achetaient les femmes par lots, d’abord pour eux, mais avec l’intention de les revendre.

De l’esclavage au 21e siècle. Une thèse confirmée la même année par Dabiq, le magazine en ligne de Daesch, puisqu’il stipule que la réduction en esclavage est conforme « à ce que prévoit la charia pour les infidèles polythéistes ».

Selon Vian Dakhil plus de 2200 femmes et enfants seraient encore aujourd’hui aux mains des djihadistes et gardés comme esclaves. Grâce à sa notoriété, elle espère faire passer le message qu’elle rachète toutes celles qui sont retenues contre leur gré « entre 4000 et 6000 dollars par personne, un peu moins pour les enfants ».

Vian Dakhil a reçu le prix Anna Politkovskaya en 2014 pour son combat. Si elle ne lâche rien, cela ne l’empêche pas d’avoir peur pour sa vie : « l’EI m’a désignée comme une cible à abattre ».

Un difficile retour

Si plusieurs femmes ont réussi à fuir, la réinsertion n’est pas toujours évidente. En effet, pour la communauté des Yézidis, la virginité est essentielle et de nombreuses victimes risquent d’être rejetées par leur famille. Les Yézidis ne se marient qu’entre eux.

Pour faciliter le retour de ces femmes victimes, le leader spirituel des Yézidis a prononcé une fatwa historique en 2014 en appelant chaque famille Yézidie à accueillir avec chaleur et soutien leur proche.

Dans les villages yézidis libérés, tout n’est que ruine. Sur les 600.000 Yézidis, 420.000 vivent dans des camps de réfugiés.

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