La Mosquée du prophète à Médine. © Reuters

Vague d’attentats suicide en Arabie saoudite

Le Vif

Trois kamikazes ont fait exploser leurs bombes lundi près de mosquées dans trois villes d’Arabie saoudite, dont la sainte Médine, une rare vague d’attentats suicide à frapper le royaume en moins de 24 heures.

Les attaques, qui ont blessé au moins deux policiers, n’ont pas été revendiquées dans l’immédiat, mais leur mode opératoire rappelle celui du groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a revendiqué plusieurs attentats suicide meurtriers dans le royaume depuis plus d’un an.

En début de soirée, une attaque s’est produite devant la Mosquée du prophète à Médine (ouest), très fréquentée par les fidèles en ces derniers jours du ramadan, le mois de jeûne sacré, selon la chaîne de télévision à capitaux saoudiens Al-Arabiya.

La télévision a montré des images de flammes se dégageant d’un parking proche de la mosquée, avec au moins un corps gisant à proximité. Médine est la deuxième ville sainte de l’islam après la Mecque.

Aucune indication n’a été donnée sur cet attentat par les autorités.

Quasi-simultanément dans l’est du royaume, un kamikaze s’est fait exploser près d’une mosquée chiite dans la ville de Qatif, ont indiqué à l’AFP des habitants, en affirmant que l’attaque n’avait pas fait de victimes.

« C’était un kamikaze, j’ai vu son corps déchiqueté », a indiqué l’un des habitants témoin de l’attaque dans la ville de la Province orientale qui abrite la communauté chiite d’Arabie saoudite, pays sunnite.

La vague d’attentats a commencé à l’aube à Jeddah (ouest) où un kamikaze s’est fait exploser près d’une mosquée, qui est située à proximité du consulat des Etats-Unis.

Deux agents de sécurité ont été légèrement blessés, a indiqué le ministère de l’intérieur alors qu’aucun membre du personnel du consulat n’a été atteint selon l’ambassade américaine à Ryad.

Le général Mansour al-Turki, porte-parole du ministère, a assuré que le kamikaze était « un résident étranger » âgé d’une trentaine d’années.

‘Attentat manqué’

L’assaillant était plus proche d’une mosquée dans le secteur que du consulat des Etats-Unis, a-t-il dit.

L’attaque, qui s’est produite le jour de la fête nationale des Etats-Unis, a eu lieu à 02H15 locales (23H15 GMT dimanche) sur le parking de l’hôpital Dr Suleiman Faqeeh, tout proche du consulat.

Un homme a attiré l’attention des gardes de sécurité qui se sont approchés de lui. « Il a alors fait détoner sa ceinture explosive sur le parking » et il est décédé, a dit le ministère.

Depuis fin 2014, les forces de sécurité saoudiennes et la minorité chiite du royaume sont souvent frappés par des attentats meurtriers revendiqués par l’EI.

En mars 2015, l’ambassade des Etats-Unis a été fermée pendant plusieurs jours, de même que les consulats américains de Jeddah et à Dahran (est) pour des motifs de sécurité alors non précisés.

En décembre 2004, le consulat américain à Jeddah a été la cible d’une attaque attribuée au réseau jihadiste Al-Qaïda. Des hommes avaient ouvert le feu et lancé des engins explosifs sur le complexe faisant cinq morts. C’était alors la première attaque contre une mission diplomatique dans le royaume.

Le journal en ligne Sabq, proche des autorités, a lui parlé « d’attentat manqué ». Sur une photo diffusée par le journal, on peut voir une partie de corps humain gisant au sol entre un taxi et la portière ouverte d’une autre voiture, percée de multiples trous dus à des éclats.

Appel à la prudence

Selon le général Turki, « des engins qui n’ont pas explosé ont été trouvés dans les environs ».

L’explosion s’est produite juste avant les prières de l’aube après lesquelles les musulmans entament leur jeûne quotidien pendant le mois sacré du ramadan.

L’ambassade des Etats-Unis à Ryad a appelé les Américains à « prendre plus de précautions dans leurs déplacements » dans le royaume.

L’Arabie saoudite, poids lourd régional, fait partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui mène la guerre contre l’EI en Irak et en Syrie. Elle dirige en outre depuis mars 2015 une coalition arabo-sunnite qui lutte au Yémen contre les rebelles chiites.

Depuis plus d’un an, les autorités saoudiennes ont multiplié les arrestations d’islamistes radicaux et annoncé en 2015 le démantèlement d’un groupe lié à l’EI avec l’interpellation de centaines de suspects, en majorité des Saoudiens.

L’EI a été proclamé comme « ennemi de l’islam » par le grand mufti Abdelaziz Al-Cheikh, la plus haute autorité religieuse sunnite d’Arabie saoudite.

Le groupe jihadiste Al-Qaïda, aujourd’hui rival de l’EI, s’était livré entre 2003 et 2006 à une campagne d’attentats sanglants dans le royaume contre les symboles du pouvoir, les installations militaires et pétrolières et les expatriés occidentaux. Mais ce groupe a été ensuite décimé en Arabie saoudite après une implacable répression.

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