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Une réforme de Schengen en débat à Bruxelles

A l’agenda du Conseil européen, ce vendredi, figure la réforme de l’espace Schengen autorisant le rétablissement de certains contrôles aux frontières. Le débat s’était ouvert après l’arrivée des immigrants tunisiens sur les côtes italiennes de Lampedusa.

Le Conseil européen se réunit ce jeudi et ce vendredi à Bruxelles. Il sera discuté des accords de Schengen et d’une proposition franco-italienne. Au printemps, prises de panique par l’arrivée d’immigrants tunisiens et libyens sur les côtes de Lampedusa, la France et l’Italie, avaient rapidement réagi en interpellant leurs voisins européens sur la responsabilité de chacun dans le contrôle des frontières de l’Europe, en cas de crise majeure.

Rétablissement des frontières nationales

Les ministres européens de l’Intérieur sont peu à peu parvenus à un consensus sur la nécessité de renforcer la gouvernance de la zone Schengen, cet espace sans frontières qui permet aux citoyens européens de voyager librement dans 25 Etats européens. « Nous allons étendre les clauses des accords. La France appelle à un renforcement de Shengen », déclare Pierre Lequiller, député UMP et président de la commission des Affaires européennes à l’Assemblée nationale, contacté par LEXPRESS.fr.

Ce qui a déclenché cette prise de position de la France, « c’est le non-respect de l’Italie des clauses de Schengen, qui incitent les pays frontaliers à contrôler leurs frontières externes (en contact avec des pays non-membres de l’espace Schengen, ndlr). On ne peut pas rentrer en Europe sans permis de séjour valable », ajoute Pierre Lequiller. Il réaffirme « que l’Union européenne alloue des millions d’euros pour aider les pays en plein bouleversement politique et que ce n’est pas dans l’intérêt de la Tunisie de voir ces jeunes partir, alors que le pays vit une transition démocratique ».
Les Tunisiens interrogés à leur arrivée en France, confiaient qu’ils avaient quitté leur terre natale, touchée par le chômage et l’instabilité politique. Mais ils déchantent très rapidement, l’image de l’Europe eldorado s’assombrit.

Une Europe frileuse

Cette décision sonne tout de même comme un repli de l’Union européenne, frileuse devant la question de l’immigration. Il suffit de se pencher sur des débats récents en France, celui sur l’identité nationale et celui sur l’islam, renommée laïcité. Une tendance qui dépasse la France et touche l’Europe, en pleine crise économique. L’avancée de la droite nationaliste et chauviniste en Europe en témoigne.

La Bulgarie et la Roumanie qui souhaitaient rejoindre Schengen se voient reporter leur entrée dans le libre espace européen, initialement prévue pour mars 2011. Selon Pierre Lequillet, la Bulgarie et la Roumanie ne font pas les frais de cette proposition. « Nous étions déjà réticents à l’égard des deux pays, qui n’assurent pas une bonne surveillance de leur frontière » externe. L’entrée sera donc progressive, l’ouverture des aéroports d’ici la fin de l’année, la seconde étape repoussée sine die, peut-être courant 2012.
Ce report traduit néanmoins les doutes de l’Union européenne: est-elle capable ou non d’accueillir de nouveaux membres dans l’espace Schengen, symbole de liberté pour tous les ressortissants de l’Union, un cas de figure unique au monde, alors qu’elle s’interroge sur ses fondements même.

Par Nadéra Bouazza, L’Express.fr

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