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Un rapprochement entre la Suède et l’OTAN attise les craintes de Moscou

Stagiaire Le Vif

Le royaume scandinave, historiquement neutre, cherche à tisser des alliances pour pallier la faiblesse de son armée. Un rapprochement potentiel avec l’OTAN ne ferait pas les affaires de Moscou. La Russie a récemment rappelé qu’il y aurait des conséquences si la Suède venait à joindre l’alliance militaire transatlantique.

Les tensions entre Moscou et Kiev poussent certains pays voisins de la Russie à repenser leur stratégie défensive. C’est notamment le cas de la Suède. Si les deux pays ne partagent pas de frontière terrestre, le royaume scandinave et la Russie ont une mer commune, la Baltique. Une zone hautement stratégique, où transite près de 15 % du fret maritime mondial ainsi que le gazoduc Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne.

C’est dans ce contexte que la Suède souhaite réévaluer ses relations de sécurité avec ses pays alliés. Un rapport du gouvernement devra sortir cet été à ce sujet. Selon le média européen Politico, le chapitre le plus important de ce rapport devrait faire allusion aux relations entre la Suède et l’OTAN. Le rapport en question ne comporterait pas d’allusions à une potentielle adhésion à l’OTAN mais ferait néanmoins part de possibilités de rapprochement.

Le parlement suédois devrait, par ailleurs, ratifier ce mois-ci un traité avec l’alliance militaire atlantique, faisant du pays une « nation hôte ». Il faut préciser que l’OTAN entretient de nombreuses relations avec des pays sans que ceux-ci ne soient membres à part entière de l’organisation. Ce traité signifie donc que la Suède sera prête à recevoir des troupes de l’OTAN sur son territoire, moyennant invitation. Notamment en cas de crise, explique Politico. Car, après des années de coupes dans le budget de l’armée et la suppression du service militaire obligatoire, l’armée suédoise se retrouve en état de faiblesse. Suite à ces coupes, le chef des forces armées Sverker Göranson avait déclaré en janvier 2013 que la Suède pourrait résister à une attaque pendant « environ une semaine », rapportait l’AFP.

Le pays cultive une politique de neutralité vieille de près de 200 ans. Une neutralité que 60% de ses citoyens souhaitent conserver, d’après un sondage du Som Institute de l’Université de Göteborg. Selon le même sondage près de 37% des Suédois interrogés seraient en faveur d’une adhésion à l’OTAN, contre 31% en défaveur.

Dans tous les cas, toute décision de la Suède sur une éventuelle adhésion à l’OTAN devrait être prise de concert avec son voisin finlandais, et vice-versa. Car l’isolement d’un de ces deux pays pourrait envoyer un signal de faiblesse. Tout comme une adhésion de la Finlande pourrait représenter une provocation énorme envers la Russie, car les deux pays partagent une frontière longue de 1.340 kilomètres.

« Une situation inquiétante »

De récentes manoeuvres, coordonnées par neuf pays de l’alliance atlantique en Estonie, ne rassurent pas Moscou. Dans le cadre de l’opération Spring Storm, 6.000 soldats ont ainsi été déployés près de la frontière russe. « Si l’on tient compte du fait que l’OTAN a installé de manière permanente ses systèmes de défense antimissile en Pologne et en Roumanie, il s’agit d’une situation inquiétante devant laquelle nous devons réagir », commente un expert russe cité par le quotidien Moskovski Komsomolets.

Le ministre russe des Affaires Étrangères Sergei Lavrov a fait montrer la pression il y a deux semaines, malgré l’absence d’informations officielles à propos d’une hypothétique adhésion suédoise à l’OTAN. « Comme l’infrastructure militaire suédoise, dans le cas d’une adhésion, sera contrôlée par le commandement suprême de l’OTAN, nous serons contraints de prendre des mesures nécessaires militaro-techniques à nos frontières septentrionales », a-t-il déclaré au journal suédois Dagens Nyheter. Le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist a rapidement réagi en qualifiant ces menaces d’ « inacceptables ». Ambiance.

Par A.S. (st.)

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