Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. © AFP

Un ministre allemand prône un « contingent » limité de réfugiés dans l’UE

Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, propose que l’Union européenne accueille à l’avenir un nombre limité de réfugiés sur son sol, renvoyant les autres demandeurs d’asile vers un pays sûr de leur « région », dans un entretien samedi au Spiegel.

« Nous ne pouvons pas accueillir tous les gens qui fuient les zones de conflit ou la pauvreté et veulent rejoindre l’Europe ou l’Allemagne », estime le ministre conservateur, qui défend sur l’actuelle crise migratoire des positions plus dures que celles de la chancelière Angela Merkel. Pour M. de Maizière, l’Europe doit « s’astreindre à des contingents relativement généreux pour l’accueil de réfugiés », créant ainsi « une voie légale d’immigration » tout en plafonnant le « nombre de personnes » que le continent peut « prendre en charge sur la durée ».

Ce quota continental se doublerait d’une clef de répartition entre Etats-membres, selon un principe défendu depuis des semaines par l’Allemagne, qui se heurte toujours à l’opposition farouche de certains partenaires, notamment en Grande-Bretagne et en Europe de l’Est.

Mme Merkel n’a cependant jamais prôné de limite numérique à l’échelle de l’UE, appelant au contraire ses voisins à accepter un système de quotas sans plafond.

Une fois la limite continentale atteinte, pour M. de Maizière, les Européens devraient « s’assurer » du renvoi des candidats à l’asile « vers leur région d’origine », dans un endroit où ils « pourraient vivre en sécurité et sans être persécutés ». « Nous devons soutenir financièrement les pays concernés », ajoute le ministre allemand, prônant des « frontières extérieures solides » pour l’UE tout en estimant que les clôtures analogues à celles érigées par la Hongrie ne sont « pas la solution ».

Interrogé sur ce qu’il faudrait faire d’un candidat à l’asile sauvé de la noyade en Méditerranée, le responsable allemand suggère de le renvoyer « vers un lieu sûr en Afrique, où nous enverrions de l’aide ».

Dimanche dernier, Thomas de Maizière avait déjà averti que l’Allemagne ne voulait plus que les réfugiés puissent « choisir » leur pays d’accueil en Europe. Il avait aussi suggéré de réduire les fonds de l’UE aux pays opposés aux quotas de répartition des réfugiés, une idée aussitôt balayée par Angela Merkel. Il a par ailleurs préparé un projet de loi destiné à renvoyer les migrants vers leur point d’entrée dans l’UE tout en réduisant certaines prestations en Allemagne, mais ce texte n’a pas encore reçu l’approbation du conseil des ministres.

L’Allemagne s’attend à recevoir entre 800.000 et un million de demandes d’asile cette année, contre environ 200.000 l’an dernier.

Augmentation de 5 milliards d’euros pour l’aide aux réfugiés?

En même temps, le chancelier social-démocrate autrichien Werner Faymann et le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel ont plaidé samedi pour une augmentation de 5 milliards d’euros de l’aide internationale des Nations Unies aux réfugiés afin d’améliorer la situation dans les camps au Liban et en Jordanie.

« Nous devons aider les pays où la misère est si grande que les gens doivent se mettre en route. Si les gens n’ont rien à manger et rien à boire, que peuvent-ils faire d’autre que de fuir. Aucune barrière au monde ne les arrêtera », a déclaré Sigmar Gabriel lors d’une conférence de presse. « Un pays peut construire une clôture et essayer de renvoyer le devoir d’aide humanitaire à son voisin », a déclaré M. Faymann, dans une allusion à peine voilée à la Hongrie, qui a verrouillé avec une barrière sa frontière avec la Serbie et a posé dans la nuit de vendredi à samedi des barbelés sur une partie de sa frontière avec la Croatie pour endiguer le flux de migrants sur son sol. Pour certains problèmes, une solution nationale ne suffit pas, il faut « une solidarité internationale », a-t-il ajouté.

Des centaines de milliers de personnes vivent dans les camps de réfugiés de Jordanie et plus d’1,2 million de Syriens ont trouvé refuge au Liban dans des conditions précaires.

Berlin avait déjà appelé le 9 septembre à une réunion du G7 et de plusieurs pays arabes pour débloquer des fonds en faveur de ces réfugiés.

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