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Un Allemand sur cinq regrette d’avoir eu des enfants

Le Vif

Voici un chiffre qui pose question dans le pays qui connaît le taux de natalité le plus bas d’Europe, et l’un des plus faibles au monde.

« Les enfants sont notre bien le plus précieux », clament de nombreux parents enamourés de leurs chérubins. Si tous affirment aimer leurs enfants, nombreux sont ceux en Allemagne qui assument regretter d’être devenus parents. Selon un sondage réalisé cet été par la société d’études de marché sur Internet YouGov auprès de parents de tous âges, 20 % regrettent d’avoir mis au monde leur descendance et 7 % se déclarent indécis sur la question, tandis que 73 % n’ont pas de regrets, rapporte Libération.

De ce pays où le taux de natalité ne cesse de chuter, cela a de quoi poser question. D’ailleurs, 40 % des personnes diplômées de l’enseignement supérieur ayant aujourd’hui plus de 40 ans n’ont pas eu d’enfant.

« Beaucoup (des femmes) regrettent d’avoir perdu leur vie antérieure. Lorsqu’elles pensent à la période avant l’accouchement, elle leur semble plus riche, plus satisfaisante. Avec un enfant, tu cesses tout simplement d’exister… Ces mères aiment leurs enfants. Mais elles détestent être mères », explique Orna Donath, sociologue israélienne qui a réalisé une étude en 2015 sur 23 mères qui regrettent d’avoir eu des enfants. Depuis, le débat sur la question de la maternité continue d’échauffer les esprits Allemagne et ce n’est pas un hasard.

« (Là-bas), la conception de la maternité est celle d’un sacrifice total de soi », témoigne Barbara Vinken, professeure de littérature à l’université Ludwig-Maximilians de Munich et auteure, en 2001, d’un ouvrage sur le mythe de la mère allemande. Selon elle, la seule manière d’échapper au mythe de la mère parfaite serait… de ne pas avoir d’enfant.

Car il est vrai que les mères allemandes doivent supporter une pression qu’il est difficile d’égaler : allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, co-dodo, difficile de laisser son enfant à la crèche avant son entrée à l’école maternelle et surtout pas avant l’âge d’un an.

« Le catalogue d’exigences présenté aux mères, ou qu’elles se fixent elles-mêmes, est tout simplement monstrueux, constate la sociologue Christina Mundlos. Pas question d’amener à la fête de l’école des donuts décongelés. Il faudra confectionner un gâteau en forme de bateau de pirate sur trois étages, s’engager bénévolement à tenir la bibliothèque de l’école, bricoler soi-même la pochette-surprise de la rentrée pour les élèves (…), que vous pouvez aussi acheter toute faite… »

De plus, les femmes qui d’aventure osent ne pas se consacrer à 100 % à leur progéniture et décident de continuer à travailler à temps plein se retrouvent affublées du charmant sobriquet de « mère corbeau ».

L’histoire permet d’expliquer cette pression sur les mères. Durant la période de l’Allemagne nazie, on mettait la pression sur les femmes pour qu’elles aient des enfants et ensuite les confient à des organisations nazies. « En RDA, il fallait placer très tôt son enfant en crèche », rappelle la sociologue Birgit Riegraf, de l’université de Paderborn, à Libération.

Aujourd’hui, la pression sur les mères est telle que cela devient rédhibitoire. Les femmes se retrouvent alors contraintes de choisir entre carrière et enfant pour éviter d’être taxées de mauvaise mère.

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