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Syrie: A Al-Koubeir après le massacre, sang et « odeur de chair brûlée »

Arrivés sur les lieux du massacre d’Al-Koubeir, les observateurs de l’ONU ont décrit des scènes de désolation, alors qu’au moins 23 nouveaux civils auraient été tués par des tirs à Deraa et Homs.

Au lendemain d’une journée sanglante, l »armée syrienne a bombardé samedi deux bastions rebelles, tuant 23 civils, dont des femmes et des enfants. Au moins 17 personnes, dont neuf femmes et trois enfants de 12 et 13 ans, ont été tuées avant l’aube dans les bombardements violents de l’armée à Deraa (sud), où les premières manifestations de protestation contre le régime de Bachar al-Assad avaient éclaté le 15 mars 2011, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Le président de l’ONG, Rami Abdel Rahmane, a précisé que ce pilonnage pourrait être une riposte aux « assauts lancés généralement le soir contre des barrages de l’armée ».
Dans un autre bastion de la révolte, l’armée a violemment bombardé deux quartiers de la ville de Homs dévastée par des mois de violences, tuant six civils, selon l’ONG. Les troupes du régime tentent depuis plusieurs semaines de prendre le contrôle de ces quartiers.

Un nouveau président pour le CNS

Ces violences surviennent au lendemain d’une journée sanglante avec 68 morts dans la répression et les combats entre soldats et rebelles, selon l’OSDH, et du déplacement des observateurs de l’ONU sur les lieux du massacre à Al-Koubeir.
Face à un régime déterminé à écraser la révolte lancée il y a 15 mois, le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition d’opposition, s’apprête à désigner un nouveau président, qui aura pour difficile tâche d’unifier et rendre efficace cette instance marquée par de profondes divisions.

A Al-Koubeir après le massacre, sang et « odeur de chair brûlée »


Les observateurs de l’ONU sont finalement arrivés vendredi sur les lieux du massacre d’Al-Koubeir en Syrie. Mercredi, 55 personnes dont des femmes et des enfants ont été tuées dans ce hameau de la province de Hama (centre), selon l’OSDH, qui, avec l’opposition syrienne, a imputé ce massacre aux « chabbihas », les milices pro-régime.

Dans l’après-midi, les observateurs de l’ONU « se sont rendus au village (voisin) de Maarzaf où les victimes ont été enterrées, puis à Al-Koubeir », a dit un militant à Hama, Abdel Karim al-Hamoui. « Des soldats ont intimé l’ordre aux habitants de ne pas parler aux observateurs sous peine de représailles ».

Paul Danahar, un journaliste de la BBC accompagnant le convoi de l’ONU, a raconté sur Twitter y avoir vu deux habitations ravagées par le feu, sans aucun signe de vie. « L’odeur nauséabonde de chair brûlée y est toujours très forte ». « Il y a beaucoup de sang dans l’une des pièces et des morceaux de chair sont visibles parmi les affaires éparpillées. Même le bétail a été tué et les carcasses pourrissent au soleil », a-t-il dit.

Les dépouilles évacuées

Des militants ont aussi assuré à Paul Danahar que les dépouilles avaient été évacuées par les forces régulières jeudi, au moment où, selon l’ONU, des barrages de l’armée et des « tirs à l’arme légère » empêchaient les observateurs de parvenir au village.
Les autorités de Damas ont démenti qu’un tel massacre ait eu lieu, affirmant qu’il y avait seulement neuf victimes, tuées par des « groupes terroristes », appellation officielle pour désigner rebelles et opposants. Mais le patron de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé que Bachar al-Assad avait « perdu toute légitimité » et déploré que des armes lourdes, des balles perforantes et des drones aient été utilisés contre les observateurs depuis le début de leur mission à la mi-avril.

Avant Al-Koubeir, 108 personnes avaient été massacrées le 25 mai à Houla (centre). Les autorités avaient aussi nié toute implication, mais un responsable de l’ONU avait dit que des soupçons pesaient sur les partisans du régime. Dans la nuit de vendredi à samedi, au moins 12 personnes, dont huit femmes, ont encore été tuées par des tirs de l’armée qui ont visé la ville de Deraa (sud), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Les tirs ont frappé un quartier résidentiel de la ville, un des berceaux de la contestation du régime du président Bachar al-Assad, ajoute le communiqué de l’OSDH.

LeVif.be avec L’Express

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