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Somalie: les shebab occupent le terrain… de la com’

Le Vif

A coups de communiqué et de tweets, les shebab affirment toujours que l’otage français Denis Allex est en vie et soulignent le fiasco de l’opération qui visait à le libérer dans la nuit de vendredi à samedi.

L’opération française pour faire libérer Denis Allex, un agent français de la DGSE enlevé le 14 juillet 2009 à Mogadiscio par des insurgés islamistes, s’est soldée samedi par un échec. Deux soldats français ont été tués et le commando n’a pas trouvé de trace de l’otage. Depuis, les shebab ont publié des photos d’un homme qu’ils présentent comme un soldat français et jouent la carte du suspens à propos du sort de Denis Allex, qu’ils disent en vie. LeVif.be fait le point.

L’échec de l’opération

Il y a un mois, alors que Paris avait « un maximum de certitudes » sur le lieu où se trouve Denis Allex, François Hollande a décidé de lancer une opération pour le libérer. Un bâtiment de guerre est alors déployé au large de la Somalie. Cinq hélicoptères avec une cinquantaine d’hommes du service action de la DGSE à leur bord, atterrissent à environ trois kilomètres de Bulomarer, ville sous contrôle islamiste au sud de Mogadiscio, où doit se trouver l’otage. Leur présence est rapidement repérée par des habitants qui s’empressent de prévenir les shebab.

Selon Libération, les geôliers déplacent alors Denis Allex et engagent de violents combats. Ils dureront 45 minutes et se solderont par la mort de deux soldats français et 17 Somaliens selon Paris, qui concède que les troupes françaises ont fait face à une résistance « plus forte que prévu ». De leur côté, des témoins parlent de huit civils tués.

Denis Allex est-il en vie?

« Tout nous laisse à penser que l’otage a été assassiné », a dit ce lundi le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian. De leur côté, les shebab, qui ont toujours affirmé que l’otage était en vie -sans en apporter la preuve- ont annoncé le même jour qu’ils étaient parvenus à « un verdict unanime » concernant son sort. « Les détails de ce verdict et des informations relatives aux évènements ayant conduit à l’opération de secours bâclée seront publiés dans les heures à venir, si Dieu le veut », disent-ils dans un communiqué.

Macabre mise en scène

Deux heures plus tard, les shebab publient sur Twitter des photos du cadavre d’un homme, qu’ils présentent comme le chef du commando ayant échoué à libérer l’otage. L’une d’elles montre le corps d’un homme jeune, du sang séché sur le visage, portant une chaîne et une croix chrétienne. Elle porte la légende suivante: « Le commandant français tué durant l’opération de secours bâclée à Bulomarer ».

Sur une autre image, qui montre le corps en plan plus large, entouré d’un véritable arsenal, la légende se fait plus provocatrice: « François Hollande, cela en valait-il la peine? ». Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a dénoncé une mise en scène « particulièrement odieuse », tandis que Laurent Fabius a condamné « l’instrumentalisation des assassinats ». Quelques heures auparavant, Jean-Yves Le Drian avait fait part de ses craintes quant à l’utilisation d’images de cadavres par les shebab. Il ne s’est malheureusement pas trompé.

Cécile Casciano

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