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Slovaquie: l’anti-migrants Fico gagne les législatives, mais reconnaît les difficultés à venir

Le Vif

Les législatives slovaques ont produit un Parlement très fragmenté: le Premier ministre sortant Robert Fico, bien que vainqueur avec 49 sièges sur 150, a aussitôt reconnu que la formation d’un gouvernement serait difficile et qu’il s’y attelait dès ce dimanche.

Il a annoncé que des « négociations préliminaires » avec des partenaires potentiels commenceraient aussitôt et affirmé, lors d’une conférence de presse donnée à l’aube que son parti social- démocrate Smer-SD « devrait tout faire pour exclure la possibilité d’une élection anticipée ».

Ce problème potentiel survient alors que la Slovaquie, où l’extrême droite nationaliste fait pour la première fois son entrée au Parlement, doit prendre en juillet la présidence tournante de l’Union européenne. « Nous excluons de nouvelles expériences. Aussi, nous commençons aujourd’hui de premières négociations préliminaires. Elles montreront s’il existe des partenaires pour créer un gouvernement raisonnable. Nous sommes un parti de valeurs, nous avons des principes. C’est pourquoi je parle d’un gouvernement raisonnable », a-t-il expliqué. « Cela prendra plus longtemps que d’habitude », a-t-il reconnu.

« Nous n’avons jamais exclu aucun parti de la coopération avec nous », a-t-il ajouté, alors que l’extrême-droite nationaliste de Notre Slovaquie de Marian Kotleba vient d’obtenir 14 sièges. « Nous devrons probablement travailler avec un grand nombre de partis politiques au parlement », a dit M. Fico, reconnaissant qu’il avait espéré un résultat « de 4% ou 5% supérieur, autour de 33% », et que son parti se retrouvait à son niveau de 2006, quand il est arrivé au pouvoir pour la première fois. Dans le parlement sortant, il avait une majorité absolue de 83 députés.

D’après les résultats pratiquement complets portant sur 99,9 % des bulletins, huit partis franchissent le seuil de 5% et se partagent les 150 sièges du Parlement. « C’est un gros tremblement de terre », a commenté Igor Matovic, leader du parti conservateur OLANO-NOVA, selon l’agence slovaque TASR.

M. Fico, chef du parti social-démocrate Smer-SD, avait axé sa campagne sur le refus d’accueillir des migrants en Slovaquie, mais des grèves d’enseignants et d’infirmières ont réduit l’impact de cette question sur l’opinion publique.

Pour des analystes slovaques, il est possible maintenant de revoir le scénario de 2010. Au pouvoir depuis 2006, M. Fico avait remporté les législatives, mais n’avait pas réussi à former une coalition et s’était retrouvé dans l’opposition.

Le Smer-SD est suivi par les libéraux de SaS avec 21 sièges, et les conservateurs d’OLANO-NOVA qui en obtiennent 19.

Les nationalistes du SNS, partenaires de coalition de M. Fico entre 2006 et 2010, arrivent en quatrième position avec 15 sièges, juste devant l’extrême droite de Notre Slovaquie.

Selon un analyste slovaque, Abel Ravasz, « Fico aurait besoin d’au moins deux ou trois partenaires pour former une coalition et un gouvernement. De même, il faudrait une alliance de six partis du centre et de droite pour que l’opposition actuelle puisse former un gouvernement », a-t-il dit à l’AFP.

‘Des fascistes au Parlement’

Commentant la montée en puissance de l’extrême droite nationaliste, l’eurodéputée social-démocrate Monika Flasikova Benova a qualifié cette nouvelle de « grande honte » pour la Slovaquie. « Ce sera un désastre majeur que d’avoir des fascistes au Parlement alors que la République slovaque préside l’Union européenne » dans la seconde moitié de l’année, a-t-elle dit.

Le parti proche de la minorité hongroise, Most-Hid, devrait obtenir 11 sièges.

Deux autres formations devraient introduire des députés au Parlement: le parti conservateur SME Rodina avec 11 sièges et les centristes de Siet (Réseau) de Radoslav Prochazka, avec 10 sièges.

En revanche, les chrétiens démocrates de KDH n’auront pas de députés, ayant obtenu seulement 4,9% des suffrages.

Un analyste politique, Samuel Abraham, a dit à l’AFP que la formation du nouveau gouvernement pourrait prendre « des semaines et même des mois ».

« Actuellement il convient à Fico de prendre des distances à l’égard de Kotleba et du SNS » (nationaliste), a dit l’analyste, pour qui Marian Kotleba, leader de Notre Slovaquie, est un « néo-nazi ».

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