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Rififi parmi « Les amis du peuple syrien »

Une soixantaine de pays arabes et occidentaux, sans la Russie ni la Chine, ont tenu une conférence ce vendredi en Tunisie au sujet des violences en Syrie. Sans pour autant s’accorder sur une force de maintien de la paix.

Réunie ce vendredi à Tunis, la conférence des amis du peuple syrien a appelé à l’arrêt immédiat des violences en Syrie et à de nouvelles sanctions. Face à la répression sanglante de la révolte populaire contre le régime de Damas, le groupe a toutefois temporisé sur le déploiement d’une force conjointe arabe-ONU de maintien de la paix.

Le groupe, qui comprend une soixantaine de pays arabes et occidentaux, mais qui est boycotté par la Russie et la Chine, a également reconnu le Conseil national syrien (CNS) comme « un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique ». Il s’est engagé à fournir « un soutien effectif » à l’opposition, sans plus de précisions.

Les pays somment également Damas de « permettre l’accès libre et sans entraves des agences humanitaires » dans les régions les plus touchées par la répression, notamment dans la ville de Homs (centre), pilonnée depuis trois semaines par l’armée syrienne.
Faire « plier » le régime de Damas

Parmi les sanctions proposées contre le régime de Damas figurent « l’interdiction de voyage des membres du régime, le gel de leurs avoirs, l’arrêt de l’achat des hydrocarbures syriens, la réduction des liens diplomatiques avec le régime syrien ».
Le régime syrien « paiera le prix fort s’il continue d’ignorer la voix de la communauté internationale et de violer les droits de l’homme » du peuple syrien, a déclaré la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton.

De leur côté, la Tunisie -pays où a débuté le « printemps arabe »- et le Qatar, très engagé dans le soutien aux révolutions arabes, ont donné de la voix pour la création d’une « force arabe » entrant dans le cadre de la Ligue arabe.

La Russie, terre d’exil pour Assad?

Un peu plus tôt, Kofi Annan espérait la « pleine coopération de tous les acteurs concernés ». Syriens et internationaux… Mais l’absence de Moscou et Pékin, soutiens indéfectibles de Damas qui ont bloqué à deux reprises une condamnation de la répression au Conseil de sécurité de l’ONU, va planer sur la réunion de Tunis.
La Russie a réaffirmé une position dure jeudi, refusant toute « ingérence » en Syrie. Mais elle a aussi annoncé qu’elle soutenait la nomination de l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. Elle se dit prête à une « coopération étroite » avec lui pour chercher les voies vers un règlement acceptable pour tous », a annoncé la diplomatie russe sur son site.

La Russie a d’ailleurs été évoquée comme possible destination pour que le clan Assad s’exile… « Il faut chercher une solution politique, comme accorder au président syrien, sa famille et des membres de son régime un immunité judiciaire et un endroit pour se réfugier que la Russie peut offrir », a ainsi déclaré le président tunisien Moncef Marzouki à l’ouverture de la conférence.
7600 morts en onze mois en Syrie, selon l’ONU

La création d’une force de maintien de la paix devrait obtenir « le feu vert » du Conseil de sécurité de l’ONU, a rappelé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Dans la déclaration finale, le groupe « prend note de la demande faite par la Ligue arabe au Conseil de sécurité de l’ONU de former une force conjointe arabe et des Nations unies de maintien de la paix […] et a décidé de poursuivre les discussions sur les conditions du déploiement d’une telle force ».

L’urgence, pour la communauté internationale, est de trouver les moyens d’aider le peuple syrien, écrasé par la répression -plus de 7600 morts en onze mois selon l’ONU- et coupé du monde, particulièrement à Homs. Au moins 39 personnes ont été tuées ce vendredi dans des nouvelles violences en Syrie, secouée par des manifestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes à travers le pays, selon une ONG syrienne.

Une nouvelle réunion du groupe des « Amis de la Syrie » doit se tenir dans trois semaines à Istanbul, a annoncé ce vendredi le Conseil national syrien.

LeVif.be avec L’Express

Les « ennemis de la Syrie », selon Damas

La télévision d’Etat syrienne a rebaptisé la réunion de ce vendredi. Pour elle, les pays réunis à Tunis sont les « ennemis de la Syrie », ou encore les « amis des Etats-Unis et d’Israël » qui se retrouvent pour une « réunion de soutien au terrorisme en Syrie ». « Un vrai ami vient chez vous pour s’enquérir de vos nouvelles. Ceux-là ne sont pas des amis, ce sont les ennemis de la Syrie », a renchéri un commentateur interviewé à la télévision. Le régime ne reconnaît pas l’ampleur de la révolte qu’il réprime dans le sang depuis onze mois au prix de milliers de victimes.

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