© AFP

RDC: nouvelles violences à Kinshasa

De quatre à quatorze personnes ont, selon des sources différentes, perdu la vie lundi dans des affrontements à Kinshasa entre les forces de l’ordre congolaises et des jeunes contestataires hostiles au président congolais Joseph Kabila, a rapporté mardi la radio onusienne Okapi, alors que le « patron » de la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), le diplomate allemand Martin Kobler, a « déplore » ces pertes en vies humaines.

Les violences ont éclaté à Kinshasa après que des opposants avaient appelé la population à « occuper massivement le Parlement » pour protester contre le projet de loi électorale en cours d’examen. Le gouvernement a reconnu que ce texte risque d’entraîner un report de la présidentielle de 2016. Ce qui permettrait à M. Kabila, à la tête de la République démocratique du Congo depuis 2001, de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat.

Les manifestations de lundi contre la nouvelle loi électorale ont fait au moins quatre morts, selon un bilan livré à la Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC) par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga. Un policier et trois manifestants font partie des victimes, a précisé M. Mende, démentant les allégations d’usage des balles réelles imputées aux forces de l’ordre. Du côté de l’opposition, on avance un bilan plus lourd.

Le député national Albert Fabrice Puela, président du Parti pour la Renaissance du Congo (Reco), affirme avoir dénombré au moins quatorze morts. « Nous-mêmes, nous étions témoins lorsque le jeune Denis Makengo a reçu une balle qui lui a traversé la poitrine. Nous l’avons emmené à (l’hôpital général de référence de Kinshasa) Mama Yemo. C’est là qu’on nous a dit d’aller au niveau de la morgue parce qu’on venait d’y déposer dix corps… et cela hormis le policier qui a été tué, hormis le cas des deux étudiants qui ont été tués au niveau de Righini (un quartier de Kinshasa) et sur le campus (de l’Université de Kinshasa, l’Unikin), et le cas d’un infortuné dont on venait de nous donner l’identité », a-t-il indiqué.

Les manifestations ont repris mardi à Kinshasa, où des soldats de la garde républicaine (GR) ont tiré en l’air pour disperser un groupe de pilleurs qui s’en prenaient à un magasin tenu par des Chinois, selon un photographe de l’AFP. La situation restait très tendue alors que les forces de l’ordre procédaient à plusieurs arrestations peu avant midi. Dans le « Quartier 1 », les policiers ont été visés par des lanceurs de pierre embusqués dont on ne parvenait pas à déterminer le nombre, a indiqué cette journaliste.

Le chef de la Misison des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco), Martin Kobler, a pour sa part déploré mardi « les morts et les blessés à la suite des incidents qui se sont produits hier (lundi) matin à la suite des violentes manifestations, et l’usage de la force létale par les forces de sécurité qui s’en est suivi. « L’usage de la force par les forces de l’ordre doit toujours être proportionné, imposé par la nécessité, et en dernier recours », a-t-il souligné dans un communiqué. « Je lance également un appel à l’opposition à manifester pacifiquement. Toute manifestation doit se faire dans le calme et dans les limites autorisées par la loi », a conclu le chef de la Monusco.

Les autorités ont ordonné de couper internet à Kinshasa

« L’Agence nationale du renseignement (ANR) nous a donné l’ordre de couper internet pour Kinshasa jusqu’à nouvel ordre », a déclaré à l’AFP le responsable d’un opérateur sous le couvert de l’anonymat. « A ma connaissance, cela s’applique à tous les opérateurs », a indiqué un autre. L’ANR n’avait pu être jointe par l’AFP en début d’après-midi. En outre, les envois de sms étaient impossibles depuis le début de la matinée de mardi et les services 3G étaient indisponibles, selon des journalistes de l’AFP et de nombreux habitants.

Contenu partenaire