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RDC: l’opposition politique rejette la consultation proposée par Kabila

Le Vif

Une soixantaine de dirigeants de l’opposition politique congolaise ont rejeté lundi dans sa forme actuelle la formulée proposée par le président Joseph Kabila pour l’organisation de « consultations nationales », en dénonçant « la composition déséquilibrée » de ce forum avec une « forte dominance des membres de la majorité présidentielle ».

Dans une déclaration adressée à l’agence BELGA après une réunion lundi à Kinshasa, l’opposition congolaise réclame la « représentation égalitaire » entre composantes que sont la majorité présidentielle, l’opposition politique, civile et armée, la société civile y compris ladiaspora.

L’opposition rejette en outre « le fait que le président de la République(Joseph Kabila), les présidents de deux chambres du Parlement (celui de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, et celui du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, ndlr) et le Premier ministre (Augustin Matata Ponyo Mapon) assurent le suivi en lieu et place d’un comité de suivi incluant toutes les parties prenantes, à savoir la majorité, l’opposition, la société-civile et le représentant de la communauté internationale », ajoute le texte.

Les dirigeants de l’opposition dénoncent encore la confiscation de l’initiative et la mise à l’écart, par M. Kabila, de l’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations Unies (l’ex-présidente irlandaise Mary Robinson) qui, en vertu de la résolution 2098 du Conseil de sécurité, « a pour mission de promouvoir et de superviser un processus politique global sans exclusive ».

Cette résolution 2098 s’inspire des résultats de l’accord régional d’Addis Abeba du 24 février, signé par onze pays de la région et censé pacifier l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des rébellions depuis deux décennies. M. Kabila a convoqué jeudi dernier un dialogue inter-congolais visant à renforcer la « cohésion nationale » face au Mouvement du 23 mars (M23), une rébellion active dans l’est congolais et présumée soutenue par le Rwanda et l’Ouganda.

Selon le texte de l’ordonnance présidentielle, ce forum national va réunir « toutes les couches socio-politiques de la nation » afin de « réfléchir, d’échanger et de débattre en toute liberté et sans contrainte, de toutes les voies et moyens susceptibles de consolider la cohésion nationale, de renforcer et d’étendre l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national en vue de mettre fin au cycle de violences dans l’est du pays, de conjurer toute tentative de déstabilisation des institutions et d’accélérer le développement du pays dans la paix et la concorde ».

Ce forum comprendra trois organes: l’assemblée plénière, le présidium et les états généraux. A l’issue des travaux dont la durée est de quinze jours au maximum – mais aucune date n’a été fixé pour leur début -, le président de la République rendra compte des conclusions et recommandations à la Nation, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès.

Dans leur déclaration, les 63 signataires – dont quelques « grosses pointures » de l’opposition, comme Vital Kamerhe, un ancien allié de M. Kabila tombé en disgrâce – demande que le chef de l’Etat lance des « signaux de décrispation », comme la libération des prisonniers politiques et des prisonniers d’opinion, une amnistie pour permettre à tout le monde de participer aux travaux, le retrait de la « ceinture policière » autour de la résidence du président (auto-proclamé après l’élection présidentielle controversée de novembre 2011) Etienne Tshisekedi, l’autorisation des manifestations publiques, et la réouverture de médias proches de l’opposition interdits, comme les chaînes de télévision Canal Futur TV et RLTV.




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