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Qui sont les membres de Génération Identitaire ?

Le Vif

Génération Identitaire, une organisation radicale française d’extrême droite voulait manifester à Molenbeek. Cette manifestation est aujourd’hui annulée. Mais qui sont-ils et que veulent-ils ?

Selon Filip Dewinter du Vlaams Belang, leurs méthodes seraient plutôt spectaculaires et ils préparent leurs actions des mois en amont. Il va même jusqu’à les qualifier de « Greenpeace parmi les radicaux ». Une comparaison qui devrait ravir le mouvement écologique.

Alors que tous les yeux du monde sont braqués sur Bruxelles, et plus particulièrement Molenbeek, certains membres se sont dit qu’il y avait là une formidable opportunité de se faire connaître en y proposant une manifestation contre l’islam. Génération Identitaire publie donc dans la foulée des attentats de Bruxelles un avis sur Facebook qui stipule « Grande manifestation européenne le 2 avril à Molenbeek: +Expulsons les islamistes!+ », écrit alors sur son site internet le groupuscule. « Il est grand temps d’en finir avec les « je suis », les bougies et les marches blanches pour enfin sonner le signal de la Reconquête », ajoute le texte.

De quoi occasionner des torrents de sueurs froides aux dirigeants bruxellois et belges qui craignaient que des groupes, notamment des jeunes, ne se mobilisent pour contre-manifester.

Au vu du véritable flop qu’a été la présence dimanche dernier de hooligans à la Bourse, les autorités ont sorti l’artillerie lourde.

« Il a été décidé d’interdire purement et simplement la manifestation et les éventuelles contre-manifestations » a déclaré la bourgmestre de Molenbeek, Françoise Schepmans : « si on avait laissé faire, il pouvait y avoir des échauffourées ». La mesure sera en vigueur sur l’ensemble des 19 communes formant l’agglomération bruxelloise. En outre, il a été décidé que les bourgmestres des communes les plus concernées pourront prendre des mesures supplémentaires, comme la fermeture de certaines stations de métro. « L’idée est qu’on les empêche de rentrer sur le territoire de la région bruxelloise », a expliqué un responsable, en précisant que « des contacts » étaient pris avec les autorités en France et aux Pays-Bas (où l’appel semble rencontrer le plus de succès sur les réseaux sociaux), pour qu’elles empêchent les militants d’extrême droite « de monter dans les trains ou les bus ».

Devant une telle levée de bouclier, l’organisation a demandé à ses membres de ne pas venir dans une nouvelle vidéo.

« Nous prenons acte de la décision d’interdiction », dit un homme de Génération Identitaire dans sa vidéo. « Nous demandons à tous nos militants et sympathisants de ne pas se rendre à Molenbeek samedi prochain. » L’organisation extrémiste parle néanmoins d’une décision « lâche et complice ». « Le bourgmestre préfère interdire une manifestation contre les islamistes, alors que les islamistes prolifèrent dans son quartier avec la complicité de sa population. » Le mouvement ne compte pas en rester là: « La jeunesse ne pourra pas rester éternellement muette. Génération Identitaire, à Molenbeek comme ailleurs, n’en a pas fini avec les islamistes. »

Mais qui sont-ils ?

Ils aiment à se décrire comme une armée de spartiates qui est « la première ligne de la résistance ». Ils ont fait de l’engagement physique et militant leur marque de fabrique. On retrouve le symbole « lambda », qui ornait les boucliers des spartes, sur fond jaune un peu partout. Rappelons que les spartiates étaient connus en Grèce antique pour leur armée ultra disciplinée, rigide et austère.

Le mouvement Génération Identitaire proprement dit a été créé en novembre 2012 après que plusieurs plus petites organisations d’extrêmes droites aient fusionné. Génération identitaire est aussi la branche « jeune » du Bloc identitaire, fondé en 2003 par d’anciens leaders d’Unité radicale, le groupuscule dissous un an plus tôt après la tentative d’assassinat contre le président français Jacques Chirac par l’un de ses sympathisants lors du défilé du 14-Juillet. Leur base se compose principalement de jeunes qui se disent déçus par la société.

Sur leur site est présenté leur manifeste. Il est disponible en texte, mais aussi en vidéo. Génération Identitaire y appelle les jeunes à « relever la tête » contre la prétendue déliquescence des valeurs de l’Europe et de l’occident, mais aussi de la perte « des traditions, du savoir, et de l’autorité à l’école ». Les membres refusent aussi tout métissage.

Leur cible est mai 1968 et la génération qui a vécu les « Trente Glorieuses, les retraites par répartition, SOS Racisme, la diversité, le regroupement familial, la liberté sexuelle et les sacs de riz de Bernard Kouchner. (sic) »

Le texte se conclut par « ce n’est pas un simple manifeste, c’est une déclaration de guerre. »

Le mouvement ne croit en effet pas en la politique et dit plutôt privilégier la lutte ou autrement dit les actions concrètes. Toujours dans ce même manifeste, ils signalent encore que « nous ne reculerons pas, que nous ne renoncerons pas. Lassés de toutes vos lâchetés, nous ne refuserons aucune bataille, aucun défi. »

Des membres de Génération Identitaire ont déjà occupé une mosquée en construction en 2012, le siège du PS français en 2013. En mars 2016, ils ont bloqué les ponts qui reliaient le camp de Calais au centre-ville. Ils se sont aussi « distingués » lors des défilés de la Manif’ pour tous et lors de « tournées de sécurisation » dans le métro parisien vêtus de k-way jaunes.

Enfin, Génération Identitaire n’est pas uniquement basé en France, le mouvement a aussi des ramifications aux Pays-Bas et en Allemagne.

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