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Qui pourrait succéder à Berlusconi?

Le Cavaliere démissionnera dès que les réformes promises à l’Union européenne seront adoptées par le Parlement, c’est à dire d’ici un mois. Nous passons en revue ses successeurs potentiels.

Silvio Berlusconi a beau répéter « qu’il n’y a pas d’alternative » au gouvernement qu’il mène, il a beau avoir maintes fois démontré sa capacité à rebondir in extremis, il n’a jamais été si près de la sortie. La présidence italienne a annoncé ce mardi soir qu’il démissionnerait juste après l’adoption par le parlement des mesures budgétaires et réformes économiques promises à l’Union européenne, soit avant la fin novembre. Issue confirmée par Silvio Berlusconi lui-même dans la foulée.

Quand il quittera la tête du gouvernement, un nouveau président du Conseil devra être désigné pour diriger un gouvernement technique ou d’union nationale. Il faudrait que ce successeur rassemble les forces politiques italiennes telles qu’elles sont réparties actuellement, et notamment la Ligue du Nord dont les 59 députés sont indispensables à la coalition menée par le PDL (voir l’encadré). Ce parti pourrait rechigner à participer à une coalition englobant des centristes, pour la plupart d’anciens démocrates-chrétiens honnis de la Ligue.

Autre critère de sélection: le successeur immédiat devra rassurer les marchés en pleine crise de la dette qui menace l’Italie après la Grèce. Pour certains commentateurs et pour le chef du Parti démocrate, principale force d’opposition de gauche, Pier Luigi Bersani, le départ de Silvio Berlusconi fait partie de l’équation. « On ne peut pas continuer de cette façon. Vous devez démissionner », a-t-il insisté ce mardi, en soulignant que le gouvernement avait « un problème de crédibilité ».

La valse des noms a commencé
Plusieurs noms circulent déjà. Lundi, selon le quotidien Il Giornale qui appartient à la famille Berlusconi, l’hypothèse qu’il puisse céder son fauteuil à son fidèle bras droit Gianni Letta (PDL, parti de Berlusconi) a été évoquée pendant une réunion avec son état-major vendredi soir dans sa résidence romaine. Déjà en 2010, le « Richelieu transalpin » était présenté par Silvio Berlusconi comme le candidat idéal de son camp pour l’élection présidentielle de 2013. Mais Letta, pourtant fin diplomate, aurait sans doute des difficultés à maintenir l’union sacrée avec la Ligue du Nord. Et pourrait ne pas rassurer les partenaires européens de l’Italie, tant il est proche de Silvio Berlusconi…

Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord, a clairement fait savoir que son parti soutiendrait Angelino Alfano (PDL, dont il est secrétaire général) à la tête d’un nouveau gouvernement. Son nom serait un gage suffisant pour la Ligue, donc, si le gouvernement de transition devait inclure l’opposition centriste. Il s’agit de l’ex-ministre de la Justice du gouvernement de Silvio Berlusconi, minutieux artisan de ses lois d’immunité. Il a déjà été présenté par Silvio Berlusconi comme son dauphin lorsque le précédent « héritier », Gianfranco Fini, a choisi de faire sécession pour créer son parti, Futur et Liberté.

La troisième hypothèse s’appelle Mario Monti. Elle serait même l’option avancée par les deux premiers successeurs pressentis, écrit La Stampa. « C’est le seul qui puisse nous sauver », à la tête d’un cabinet d’experts, selon l’ex-Premier ministre de gauche Romano Prodi. Président de l’Université Bocconi de Milan, économiste reconnu et ancien commissaire européen à la Concurrence et au Commerce extérieur, il s’est proposé lui-même pour le poste en septembre dernier. Son profil austère répond sans doute moins au critère politique, mais pourrait séduire les marchés.

Un remplaçant… ou des élections?
Un gouvernement technique mené par Mario Monti est l’option la plus probable (30% de chances) selon le Corriere della Sera qui en imagine quatre autres: une coalition avec le centre-droit menée par Gianni Letta par exemple (25% de chances), des élections anticipées (25%), un gouvernement d’union nationale (15%) comme l’a proposé le démocrate chrétien Pier Ferdinando Casini… ou enfin un nouveau gouvernement Berlusconi, (5%).

L’hypothèse d’élections anticipées, avant 2013, est redoutée par de nombreux partis. Mais si aucun « remplaçant » ne s’impose lors du départ annoncé de Silvio Berlusconi, la classe politique italienne devra s’y résoudre.

Marie Simon pour LExpress.fr

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