En route vers l'Allemagne © AFP

Pourquoi les réfugiés évitent la France ?

L’hypothèse n’est pas neuve mais elle semble faire de plus en plus son chemin : les réfugiés éviteraient la France. Explication.

Si plusieurs médias français ont émis l’hypothèse que les réfugiés, fuyant leur pays, évitent soigneusement la France, c’est le New York Times qui met les pieds dans le plat, en la développant plus largement.

Force est de constater que les pays qui ont la cote actuellement auprès des réfugiés sont plutôt les pays de l’Est de l’Europe (Croatie, Hongrie, Slovénie..) et la Scandinavie, même si le titre d’Eldorado semble toujours être détenu par l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

Et ce n’est pas les réfugiés, bloqués à Calais, qui le contrediront.

Et c’est justement une raison mise en avant par le NYT, ces camps à Calais, loin de ressembler à une terre d’asile, donnent juste l’envie de migrer un peu plus loin en traversant la Manche. Il est vrai que la situation s’est enlisée depuis une dizaine d’années et rien ne laisse percevoir une résolution « rapide » de celle-ci.

Pour illustrer son propos, le NYT cite Jean-François Corty, médecin et directeur des Opérations France de Médecins du Monde: « La France ne crée pas des conditions qui leur donnent envie de rester. »

De plus les mises en garde du Front National et de sa présidente Marine Le Pen n’aident pas. Elle hurle à l’invasion, ce qui est pourtant formellement démenti par les experts. En effet, selon une étude de l’agence Eurostat, c’est l’Allemagne qui a enregistré le nombre le plus important de demandes d’asile entre avril et juin 2015 : 80 900 requêtes, soit 38 % du total de l’UE. Arrivent derrière elle, la Hongrie et l’Autriche. La France, quant à elle, arrive à la 4e place (avec 7 %). Or Marine Le Pen n’est pas la seule à véhiculer cette idée… Dès lors, on peut se poser la question : n’est-ce pas plutôt les réfugiés qui ont « peur » de la France plutôt que l’inverse ?

L’effet de mimétisme joue aussi. Pour Pascal Brice, le directeur de l’Ofpra (l’office des réfugiés français), en restant en Allemagne, ils font ce que d’autres migrants ont fait avant eux. Il avait déjà livré une analyse similaire au journal Le Monde: « Les gens qui viennent ici ont l’Allemagne en tête, les passeurs leur ont vendu un eldorado. Ils n’ont pas pensé à la France ».

Et le New York Times continue d’étayer son hypothèse, assez sombre, concernant la France. Pour le quotidien, cet évitement n’est pas une surprise car avec un taux de chômage élevé, sa politique incendiaire sur l’immigration, évoquer le fait de devoir éventuellement fermer ses frontières, le message de « bienvenue » n’est pas vraiment clair…

Et si plus simplement, la France, pays de la liberté et de la fraternité, ne faisait plus rêver ?

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