siège de l'Eglise de Scientologie en Belgique, en 2003 © Belga Image

Pourquoi la Scientologie veut-elle à tout prix imposer sa vision à ses adeptes?

Au procès de l’Eglise de la Scientologie, le président du tribunal correctionnel de Bruxelles a exprimé jeudi à plusieurs reprises son impression qu’une fois entré dans la Scientologie, un « adepte » est sous emprise et que les scientologues tentent de le convaincre « envers et contre tout » d’atteindre un niveau qu’il ne souhaite pas forcément atteindre.

Onze membres et anciens membres de l’Eglise de Scientologie, ainsi que l’asbl Eglise Scientologie Belgique et l’asbl Eglise Scientologique Europe elles-mêmes, sont prévenus notamment de faits d’escroqueries et de pratique illégale de la médecine.

Le président Yves Régimont a souligné, en se référant aux pièces du dossier, la difficulté pour un simple membre de l’Eglise de Scientologie mais aussi pour un membre de son staff de quitter l’organisation. « Pourquoi faut-il imposer ou tenter d’imposer la vision de la Scientologie? », a demandé le président au prévenu Marc Bromberg, qui a intégré l’Eglise de la Scientologie il y a cinquante ans et qui occupe actuellement une fonction de ministre. Ce dernier est prévenu d’appartenance à une organisation criminelle. « On ne peut pas retenir une personne contre son gré. Mais nous avons une responsabilité envers une personne qui s’en va », a-t-il répondu.

Le président du tribunal a évoqué notamment le cas du président de l’ASBL de l’Eglise de Scientologie de Belgique de 1985 à 1987 qui a été exclu après avoir dénoncé un dysfonctionnement dans la récolte d’argent au sein de l’organisation. « C’est probablement un peu de sa faute », a estimé M. Bromberg, tout en reconnaissant qu’il ne connaissait pas cette personne, ni la situation.

Le prévenu a souligné que les gens qui quittent l’organisation ont « tendance à brûler ce qu’ils ont adoré ». Marc Bromberg est membre de la Sea Org, une organisation « maritime » qui chapeaute la Scientologie. Il est directeur en charge des relations interreligieuses, rencontrant les leaders religieux pour faire connaître l’Eglise de Scientologie et les mobiliser sur les thèmes de la liberté de religion et de conscience. « L’Eglise de Scientologie peut être perçue comme un bébé par rapport à une dame respectable qu’est la religion catholique. C’est à nous, scientologues, de nous faire connaître », a-t-il dit. « Le public ne connaît l’Eglise de Scientologie que par les ‘on dit’ ou via les médias », a-t-il ajouté.

Le prévenu a souligné que l’Eglise de Scientologie, contrairement à d’autres religions, ne reçoit pas de subvention. « Si l’Eglise de Scientologie était subventionnée par les pouvoirs publics au niveau de tous ses frais de fonctionnement et de la délivrance de ses services pour la totalité, aucune vente de services ni de livre ne serait nécessaire », a-t-il déclaré.

Le prévenu, retraité depuis 1993, est arrivé en Belgique en 1996, après un séjour notamment aux Etats-Unis, comme membre du bureau européen des droits de l’homme de l’Eglise de Scientologie, bureau qui était abrité à l’époque par la succursale belge. Le bureau européen, créé avant l’ASBL qui porte le même nom, était une branche de l’Eglise de Scientologie du Danemark. Marc Bromberg n’a jamais été membre de l’ASBL belge.

Le procès se poursuivra vendredi, avec l’audition de témoins.

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